Chantal Jouanno s'est livrée, mardi, à un exercice de contorsion. Sur la foi d'un rapport de son inspection générale, bouclé en huit jours chrono, elle a reconnu que l'instauration de quotas discriminatoires illégaux, destinés à trier des petits Français selon leur origine, avait été discutée à la Fédération française de football, mais s'est escrimée à justifier son refus de saisir la justice. Au fond, la ministre des Sports s'est bornée à renvoyer la responsabilité d'éventuelles sanctions à la FFF. A chaque minute de sa conférence de presse, elle a surtout pris soin, au mépris des faits, d'épargner le sélectionneur de l'équipe de France, Laurent Blanc. En signalant qu'elle avait discuté avec Matignon et l'Elysée jusque dans la matinée, Chantal Jouanno a laissé transparaître toute l'étroitesse de sa marge de manœuvre.
Jouanno jongle avec le vrai et le faux
La ministre, sur la foi de l’enquête menée par ses services, a validé la quasi-totalité des informations révélées par Mediapart, tout en les démentant pour partie à d’autres moments de son intervention. Dans un embarras aisément perceptible, elle a ainsi montré les limites techniques et politiques de l’enquête, et de ses pouvoirs. Alors que reste-t-il des propos de la ministre qui a décidé qu’il n’y «avait pas d’atteinte à la loi sur les discriminations» et donc «pas lieu de saisir la justice» ?
Fabrice Arfi, Michaël Hajdenberg et Mathilde Mathieu
10 mai 2011 à 17h06