Notre dossier: le scandale du Mediator Enquête

Quand Servier donnait des conseils en pharmacovigilance

Le groupe Servier a participé au financement d'une association de recherche sur les risques des médicaments… tout en gardant pour lui ce qu'il savait des risques du Mediator!

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Selon quels critères des experts peuvent-ils juger qu'un médicament est la cause d'un effet indésirable se manifestant chez un patient ? Cette question clé de la pharmacovigilance est au cœur de l'affaire du Mediator, maintenu sur le marché jusqu'en 2009 alors que des signaux d'alerte avaient retenti dès 1995. Elle fait aussi l'objet de savantes études méthodologiques publiées dans des revues internationales, et dont l'intérêt devrait être de contribuer à prévenir de nouveaux Mediator. L'une de ces études, parue en août 2007 dans le British Journal of Clinical Pharmacology (64 :4 pp. 482-488), démontre, en substance, qu'il est difficile d'obtenir un accord entre plusieurs experts indépendants. Ce travail est l'œuvre de sept médecins et épidémiologues du département de pharmacologie de l'Université de Bordeaux, l'équipe française la plus en pointe dans le domaine de la recherche sur les risques médicamenteux. Le premier signataire est Yannick Arimone et l'un des auteurs principaux est le professeur Bernard Bégaud, pharmaco-épidémiologue de réputation mondiale (il dirige l'unité de recherche "Pharmaco-épidémiologie et évaluation de l'impact des produits de santé sur les populations"). Or, un contributeur de l'étude, explicitement remercié à la fin de l'article, n'est autre que le docteur Francis Wagniart, responsable de la «sécurité thérapeutique», autrement dit de la pharmacovigilance, chez Servier depuis 1980 ! Coïncidence : Francis Wagniart et Bernard Bégaud ont tous deux fait leurs études à la faculté de médecine de Bordeaux, à peu près à la même époque puisqu'ils n'ont que deux ans d'écart. Bernard Bégaud nous a toutefois affirmé qu'ils ne s'étaient pas «connus sur les bancs de l'université, mais plus tard».

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