Réjane Sénac : « La République a exclu ceux qui n'étaient pas mâles ou blancs »
Si la République promet l'égalité à tous les citoyens, pourquoi les inégalités entre les femmes et les hommes, ou entre les Blancs et les non-Blancs persistent-elles ? Parce qu'elles se nichent au cœur même de notre histoire républicaine, selon la politiste Réjane Sénac, chercheuse à Sciences-Po.
SiSi la République promet l'égalité à tous les citoyens, pourquoi les inégalités entre les femmes et les hommes, ou entre les Blancs et les non-Blancs persistent-elles ? À cette interrogation fondamentale, la politiste Réjane Sénac, chercheuse à Sciences-Po et présidente de la commission parité du Haut conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes, apporte une réponse radicale : selon elle, ces inégalités se nichent au cœur même de notre histoire politique. Et même au fronton des mairies. « La liberté, l'égalité et la fraternité ne concernent en réalité que les frères. » C'est-à-dire ceux que la République a historiquement jugés dignes d'intégrer la société politique : les hommes blancs, « ceux qui ont la capacité d'être des êtres de raison ». Les autres (femmes, populations racialisées, trans, queers, etc.) ont été exclus de l'ordre politique. Réjane Sénac parle de l'« hétérosexisme racialisé constituant de la République », un ensemble de représentations et de pratiques dont il paraît aujourd'hui bien difficile de se défaire.