Samir Khiari pleure de joie. Il étreint longuement une jeune fille drapée dans un drapeau tunisien, rouge et blanc, orné d'un croissant et d'une étoile. «Une révolution! On n'y croyait plus.» Ce docteur en sciences politiques de 53 ans, qui vit en France depuis 2003, a milité depuis des années contre Ben Ali, en fuite depuis vendredi et déchu samedi de son poste de président. Mais Samir est aussi assez inquiet. «On veut une remise en cause de tout le système de Ben Ali.» Pour lui, le départ du dictateur en place depuis 23 ans ne suffit pas.
Samedi, de nombreux manifestants présents dans les manifestations qui se sont déroulées un peu partout en France – à Marseille, à Lyon, à Toulouse, à Strasbourg ou à Nice, partageaient son point de vue. N'empêche: ils s'étaient d'abord rassemblés par milliers à Paris, place de la République, souvent en famille, pour célébrer la victoire de la «volonté du peuple», comme dit Houria Bouzidi, traductrice de 34 ans qui porte une pancarte en anglais, «Fière de notre peuple». «C'est le peuple qui a fait le changement, dit-elle. Ben Ali et son clan se partageaient toutes les richesses du pays. J'espère que ce sera un exemple pour les pays arabes, l'Algérie, l'Egypte...»
Dans les manifestations en France: «On n’a plus peur!»
Des milliers de personnes ont manifesté samedi aux cris de «Ben Ali assassin, Sarkozy complice».
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