Pour saisir sur le vif ce que nous devons subir avec cette présidence, entre déshonneur et avilissement, il suffit de regarder une vidéo, récemment mise en ligne par nos confrères de Bakchich et extraite d'un documentaire sur la mémoire de la Résistance. Nous sommes en 2008, au cimetière du maquis des Glières en Haute-Savoie, lieu momentanément requis par Nicolas Sarkozy pour inscrire sa présence dans un univoque roman national, fait de sacrifice et d'héroïsme.
Il suffit d'avoir arpenté une seule fois, à la descente d'une randonnée sur le plateau, ce lieu pour savoir qu'il invite, presque physiquement, au silence et au recueillement. Rien de tel avec l'homme supposé ici représenter la République et les citoyens qui la composent: la sonnerie aux morts terminée, il montre son peu de souci de ce qu'il incarne, de sa fonction publique tout comme de l'imaginaire collectif qu'il vient de convoquer. Rieur, blagueur, léger et superficiel, non sans une certaine vulgarité d'esprit, toute son attitude nous dit combien rien de cela n'a pour lui d'importance véritable ou profonde, hormis l'usage instrumental qu'il vient d'en faire dans la quête d'un bénéfice de propagande.
La corruption de l'esprit public
L'affaire de la Défense, ce scandale népotique où le fils du chef de l'Etat tient le rôle principal, est le point culminant d'une suite d'événements qui, depuis quelques semaines, mettent à nu le sarkozysme, ses abus et ses mensonges. Décidément, ce pouvoir n'est pas simplement le prolongement des dérives présidentialistes précédentes. Les aggravant et les dépassant, il enfante une nouvelle réalité politique qui ébranle notre socle démocratique et républicain. Corrupteur de l'esprit public, il brouille la nécessaire frontière entre passions privées et responsabilités publiques. Parti pris en forme d'alerte citoyenne.
15 octobre 2009 à 08h57