France Parti pris

35 heures: dix années de quiproquos

Les 35 heures donnent lieu à des débats souvent biaisés. La droite prétend qu'elle remet en cause cette réforme au motif qu'elle découle d'une vision archaïque de l'économie – alors qu'en réalité le but poursuivi par le gouvernement est beaucoup plus large et vise une remise en cause de nombreuses dispositions du code du travail. La gauche, de son côté, peine à tirer un bilan serein de cette réforme qui a entraîné rigueur salariale et flexibilité du travail.

Laurent Mauduit

Dans le débat politique et économique, les 35 heures fonctionnent comme un piège. Car pour une fois, droite et gauche ont un intérêt commun, celui de donner une image biaisée de ce qu'a été la grande réforme de Lionel Jospin. La majorité y trouve son compte, car de la sorte elle peut faire valoir qu'elle rompt avec l'archaïsme dont auraient fait preuve les socialistes dans le passé, et qu'elle conduit, comme l'avait promis Nicolas Sarkozy, une véritable politique de «rupture». Et l'opposition s'en accommode parce qu'elle peut ainsi faire valoir qu'elle a eu, de 1997 à 2002, une politique de l'emploi beaucoup plus volontariste ; et que, dans son combat contre le chômage, elle ne s'est pas résignée à laisser faire « la main invisible du marché ». En bref, dans chaque camp, on s'accorde au moins sur ce point : en des temps où les clivages sont de plus en plus rares entre la gauche et la droite en matière de politique économique, au moins les 35 heures tracent-elles encore une ligne de démarcation.

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