France Reportage

Les écologistes préparent déjà le « troisième tour » des législatives

Déçus par le score de leur candidate, militants et cadres d’Europe Ecologie-Les Verts préparent le « troisième tour » des législatives et rêvent d’entrer au gouvernement pour se crédibiliser.

Jade Lindgaard

Dimanche soir au Bataclan, la salle de concert parisienne louée par les écologistes pour leur soirée électorale, l’ambiance diffuse un curieux parfum d’optimisme. Le score de 2 % environ de voix réunies par leur candidate (selon les estimations à 20 heures), Eva Joly, suscite déceptions et regrets. Mais aussitôt dit, aussitôt oublié ou presque. Comme si, annoncé depuis des semaines dans les enquêtes d’opinion, ce faible résultat ne constituait qu’un mauvais moment à passer. Pour la plupart des cadres d’Europe Ecologie-Les Verts interrogés par Mediapart, leur représentante s’est retrouvée engloutie par la vague du vote utile au profit de François Hollande. Un mouvement historique irrésistible. « Aucun candidat n’aurait pu faire mieux qu’Eva Joly », analyse Dominique Voynet, maire de Montreuil et candidate malheureuse en 2007 avec 1,57 % des voix. Peu après 20 heures, la candidate écologiste prend brièvement la parole, pour appeler à voter François Hollande au second tour et ainsi se débarrasser du sarkozysme.  
De tous les ténors du parti présents, pas un qui ne se projette déjà dans les élections législatives de juin prochain, le « troisième tour » selon l’euro-députée Sandrine Bélier. Officiellement, Europe Ecologie-Les Verts doit se prononcer le 7 mai pour ou contre la participation au gouvernement, si François Hollande est élu à la présidence de la République. Mais dans les têtes, le choix semble déjà fait. « Bien sûr qu’il faut aller au gouvernement», explique Yannick Jadot, euro-député, « quelle alternative avons-nous, alors qu’on va faire campagne pour François Hollande pour le second tour et que nous sollicitons l’aide de militants socialistes pour les législatives ? Nous sommes des réformistes radicaux. »
Mais avec 2 % des suffrages réunis par leur candidate, les écologistes sont-ils en situation de garantir le respect de leur accord de mandature, signé en novembre dernier avec le PS ? Oui, veut croire Jean-Vincent Placé, sénateur de l’Essonne et n° 2 du parti : « François Hollande a dit que l’accord serait respecté. » Même analyse pour Denis Baupin, maire-adjoint de Paris chargé du développement durable : « Nous ne sommes pas présidentialistes mais cela n’empêche pas de penser que la parole de François Hollande compte pour beaucoup. »
Dans son discours depuis Tulle, dimanche soir, le candidat du PS s’est d’ailleurs présenté comme le « candidat » des écologistes pour le second tour. Il a aussi cité « la transition énergétique » parmi ses priorités.

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