Il y a presque un an jour pour jour, le 22 avril 2007, avec un nombre d’inscrits inégalés et un taux de participation exceptionnel, le premier tour de l’élection présidentielle qualifiait Nicolas Sarkozy pour le second et le propulsait à l’Elysée.
Un an. Il faut évidemment se méfier des souvenirs tant la propension à ne conserver que les meilleurs n’est plus à démontrer. Candidat déclaré à la fonction suprême depuis 2003, Nicolas Sarkozy a connu quelques hauts et pas mal de bas au cours d’une campagne qui n’aura pas été qu’une partie de plaisir. Gardons-nous de mythifier le passé pour mieux dévaluer le présent. L’impression n'en a pas moins prévalu que, s’il l’avait emporté sur sa rivale socialiste, c’est que non seulement Nicolas Sarkozy avait été plus « pro », mais que, par ailleurs, il avait su lever une petite troupe de fidèles qui eux-mêmes avaient soulevé un certain engouement populaire aux quatre coins de l’hexagone. Une petite visite sur le site NSTV qui, pendant six mois, rendit compte de cette longue marche triomphale, redonne la mesure et l’ampleur de ce qu’a été le sarkozysme.
François Fillon vient de raccompagner Dominique de Villepin dans la cour de Matignon, la caméra l’attrape au vol pour une sorte de conclusion à l’épopée. Nous sommes le 17 mai. Le nouveau Premier ministre parle d’une «aventure humaine et politique exceptionnelle », évoque « une intensité extrême», rend hommage à ces hommes et ces femmes qui «par amitié pour lui [Nicolas Sarkozy], par respect pour ce qu’il représente», se sont jetés dans la bataille. Le numéro deux n’est pas sur un nuage, il plane quand il affiche leur certitude à tous, les militants, les proches, les choisis par le Prince : «La France saura relever des défis exceptionnels.» Un plan méticuleux sur les cent premiers jours a été concocté. Le vingt-troisième président de la République bousculera les lignes et transformera le vieux pays. Il suffit de regarder la sûreté de François Fillon, sa concentration et sa facilité. Tout est dit sur la machine qui a été patiemment mise en place et sur le Nicolas Sarkozy de cette époque. Aucun doute, aucune improvisation en fait. Un rouleau compresseur. La télévision a conservé en mémoire le premier discours du Président en fonction. Les ennemis sont en face, Villepin, Debré, les amis aussi, la famille au complet. Nous sommes le 16 mai. Il faut observer le regard au moment de la dernière phrase : «Au peuple français je veux dire ma détermination totale à ne pas le décevoir.»
Bling bling badaboum… l'énigme du sarkozysme après la chute
Un an après le premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy s'est invité à la télévision, au soir du jeudi 24 avril. Sur fond de sondages en chute libre et de fronde de sa majorité parlementaire, cette communication en forme d'anniversaire voudrait afficher un volontarisme retrouvé et justifier l'action menée. Mais le fossé ne cesse de se creuser entre la réalité du pouvoir et celle du pays.
23 avril 2008 à 19h19