Achevé le 15 mai et remis aux juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset, le rapport d'expertise psychologique de Jérôme Kerviel, le trader qui a fait perdre à la Société générale 4,9 milliards d'euros, dresse le portrait d'un jeune homme parfaitement équilibré.
Rédigé par le psychologue Jean-Pierre Bouchard, le document, que Mediapart publie en intégralité, relève que Kerviel «a vécu une histoire familiale, scolaire et au niveau de sa formation dans l'enseignement supérieur, sans problème majeur».
Doté d'un QI correct mais pas exceptionnel, le jeune homme, aux dires de l'expert, «présente un potentiel intellectuel général "moyen supérieur"». Pour le Dr Bouchard, «le niveau d'intelligence, de compréhension et d'adaptation aux situations de JK ne semble pas avoir eu une influence directe sur les faits qui lui sont reprochés (...) JK a une conscience pleine et entière de ses actes».

Le rapport contient de nombreuses déclarations de Jérôme Kerviel lui-même, que l'expert a rencontré trois fois lorsque le trader était détenu à la maison d'arrêt de la Santé, au mois de mars dernier. «Je détestais perdre de l'argent, j'étais fou furieux chaque fois que je perdais de l'argent», a révélé Jérôme Kerviel au Dr Bouchard.
Au cours de ces entretiens, Kerviel réitère ses attaques contre la hiérarchie de la banque, qui l'aurait laissé faire, comme il le soutient depuis le début devant les juges d'instruction. «La hiérarchie ne s'intéresse pas aux méthodes utilisées mais elle est contente des résultats», affirme-t-il.
Et le trader d'ajouter : «Ils savaient que je prenais des positions au-delà de ce qui était recommandé. Sans connaître le montant exact, ils savaient que j'avais des attitudes de trading qui étaient hors des clous de ce qui était recommandé pour l'activité. Comme c'était rentable, ils laissaient faire.»