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L’histoire inachevée des enfants volés de La Réunion

Parce que l’île était pauvre et que la France rurale avait besoin d’être repeuplée, 1 600 petits Réunionnais ont, de 1963 à 1982, été déracinés et envoyés en métropole. « M le magazine du Monde » rouvre le dossier de l'exil forcé des enfants réunionnais. L'Assemblée nationale a reconnu en 2014 « la responsabilité morale de l'État » dans cette affaire.

La rédaction de Mediapart

Jessie doit avoir 8 ou 9 ans. Elle vit chez sa grand-mère au Cœur-Saignant, un quartier miséreux du Port, à La Réunion. L’école, elle y va quand ça lui chante. Elle préfère traîner dans la rue avec ses copines. Parfois, quand elle a trop faim, elle s’aventure même sur les décharges. Quand elle n’a pas bu, sa grand-mère Uranie devient vite violente. Heureusement, elle est rarement à jeun. Uranie a mis sa propre fille à la porte, pas de « fille-mère » à la maison. Mais de temps en temps, quand l’aïeule s’absente pour trinquer avec ses amies, la jeune maman vient voir en douce son enfant.
Jessie le sent, sa mère l’aime, mais craint plus encore la grand-mère. Cette année-là, son frère et sa sœur, nés plus tard et placés ailleurs, l’ont rejointe. Un jour, leur mère passe les voir. Jessie décide alors, avec son frère et sa sœur, de la suivre. Quand elle s’en aperçoit, elle leur demande de faire demi-tour puis, face à leur insistance, leur lance des cailloux. Jessie a le sentiment qu’elle ne reverra pas sa mère. En la regardant s’éloigner, elle fait une crise de nerfs. Elle reviendra à elle sur un lit, chez des voisins.

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