C'était ce lundi soir sur Public-Sénat, une chaîne du câble dont il n'est pas injurieux de dire que le sérieux du propos est inversement corrélé à l'audience. Thierry Saussez, le président du service d'information du gouvernement (SIG), par ailleurs ami du Président, délégué interministériel rattaché à Matignon pour coordonner la communication de l'équipe au pouvoir, lâchait une bombe: «Je réfléchis à une émission de télévision», a-t-il dit sans trop entrer dans les détails, un «format court», «une émission de communication gouvernementale à la télévision construite sur les questions des Français afin de communiquer sur la réforme.» Petite audience, grand émoi. Télé-Sarkozy est-elle sur les rails?
Pour Carole Petit, déléguée SNJ de France Télévisions (citée par Tempsréel), «ce genre de proposition est très grave. C'est de la communication officielle et c'est comme si les journalistes ne faisaient pas leur métier d'explication. Quand on voit déjà la pression qui existe dans la loi sur l'audiovisuel avec la désignation-révocation du président de France Télévisions par l'exécutif, on n'est pas surpris par ce genre de proposition». Même son de cloche auprès de la société des journalistes de France 2 : «Nous avons des mauvaises fées qui se penchent sur notre avenir. Après Frédéric Lefevre [un des porte-parole de l'UMP, ndlr] qui estime que le départ de salariés de France Télévisions est évidemment nécessaire, la garde rapprochée du chef de l'Etat anticipe les futurs programmes avant même que le Parlement ait statué», sur la réforme de l'audiovisuel. Les réactions pleuvent. Invité sur France Info ce matin, le président du CSA, Michel Boyon, s'est montré prudent: «Il m'est difficile de me prononcer sur une idée dont on ne connaît que les grandes lignes.» Mais à l'écouter, il n'était pas nécessaire d'être un spécialiste en courage politique pour deviner une franche opposition: «Je rappelle que les chaînes ont la responsabilité éditoriale de ce qu'elles émettent, ce sont elles qui décident. Pour le reste, je rappelle que la publicité politique n'est pas possible à la télévision et à la radio. Enfin, tout ceci doit se faire dans le respect du principe général du pluralisme.» D'ailleurs, à l'heure où nous mettons en ligne, l'UMP n'a toujours pas applaudi aux déclarations de Thierry Saussez, ce qui en dit long sur l'accueil pour le moins mitigé de cette idée dont on ne peut pas croire qu'elle ait été lancée par hasard.
Et revoilà le ministère de l'information!
Nommé en avril dernier pour éviter les cafouillages ministériels en matière de communication, le délégué interministériel propose que le service public abrite une émission à la gloire de la réforme et du gouvernement. Thierry Saussez a-t-il fait une gaffe ou la propagande est-elle de retour en France?
28 octobre 2008 à 18h45