A Paris, les opérations policières contre les réfugiés se multiplient
La politique d’accueil des migrants dans la capitale est illisible : d’un côté Anne Hidalgo s’efforce de faire de Paris une « ville refuge », de l’autre le préfet de police effectue des interpellations massives dans les rues pour disperser les campements de fortune. Les habitants leur venant en aide sont eux aussi visés par des mesures d’« intimidation ».
ParisParis ville refuge ? La question ne fait même pas sourire Suleyman. Ce Soudanais de 41 ans, arrivé en France il y a trois mois, vient de finir de se brosser les dents, penché au-dessus du point d’eau installé au début de l’avenue de Flandre dans le XIXe arrondissement. Ce jeudi 29 septembre, à 8 heures du matin, au milieu de la circulation, il a les traits tirés. « J’ai bien dormi, merci », dit-il d’un ton las. D’abord, il affirme être « reconnaissant » envers la France pour son accueil, puis se ravise. « C’est l’enfer, on dort sur les trottoirs », dit-il en montrant son frère en train de replier un rouleau de mousse. « Les policiers ne nous laissent pas en paix », poursuit-il. La veille, au même endroit à la même heure, une opération de police a eu lieu : prévenus par un informateur, la plupart des 600 exilés vivant dans le quartier ont dormi ailleurs. « Seuls » vingt-deux d'entre eux ont été embarqués. Vendredi 30 septembre, deux nouvelles interventions auraient concerné plusieurs personnes.