Santé Enquête

Alzheimer: des médicaments dangereux mais remboursés

Pour la Haute autorité de santé, les médicaments de la maladie d’Alzheimer doivent être déremboursés, car ils sont plus dangereux qu’utiles. Cédant à une culture du médicament qui résiste aux scandales, Marisol Touraine refuse, craignant que les patients ne se sentent abandonnés, faute de traitement.

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Dans une interview tonitruante à Libération, le gériatre Olivier Saint-Jean a pris l’initiative de rendre public ce qui se murmurait depuis plusieurs mois : la commission de la transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a revu son avis sur les médicaments de la maladie d’Alzheimer. Cette instance scientifique, qui évalue les médicaments en vue de leur remboursement, estime que leur intérêt médical est « insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale ». Ils n’ont même plus leur « place dans la stratégie thérapeutique », assène la HAS. Dans cet entretien, le professeur Olivier Saint-Jean, qui dirige le service de gériatrie de l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, dénonce à tour de bras : les études biaisées depuis le départ, les milliards d’euros dépensés pour ces médicaments depuis le milieu des années 1990, les « liens financiers forts » des sociétés savantes avec les laboratoires, les « conflits d’intérêts indiscutables » de la principale association de patients, France Alzheimer…
Les avis sur ces quatre traitements – Aricept, Ebixa, Exelon et Reminyl – ont été publiés samedi 29 octobre. L’annexe valide les propos cinglants du Pr Saint-Jean. Elle comprend une revue de la littérature, en particulier des méta-analyses (qui combinent les résultats d’une série d’études indépendantes) qui, toutes, concluent que les études sont fragiles ou biaisées. Les effets de ces médicaments sur les pertes de mémoire, les troubles du comportement et la vie quotidienne sont au mieux « faibles », sur une courte période, voire « hypothétiques ». En revanche, « ces médicaments peuvent altérer la qualité de vie », indique la HAS, en raison d’effets secondaires digestifs (nausées, diarrhées) et neuropsychiatriques. Ils peuvent être à l’origine de complications plus graves : syncopes, chutes, réactions cutanées sévères. Un impact négatif sur la mortalité est même possible chez certains patients.

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