La Cour de justice de la République a enregistré, le 30 septembre, une plainte pour « prise illégale d’intérêts » visant l’actuel garde des Sceaux. Elle a été déposée par un militant anticorruption à la suite des agissements du ministre contre le Parquet national financier.
Alors qu’une motion votée lundi au tribunal de Paris dénonce les manœuvres « d’intimidation » d’un ministre de la justice en plein « conflit d’intérêts », les deux plus hauts magistrats du pays sortent de leur réserve, ce mardi, pour rappeler qu’il « est de la responsabilité du garde des Sceaux […] de veiller à préserver l’institution judiciaire de toute forme de déstabilisation ».
Le nouveau ministre de la justice cristallise la colère des magistrats, qui dénoncent une déstabilisation du Parquet national financier et une remise en cause de leur indépendance.
Peu de députés s’inquiétent de la bataille entre le ministre de la justice et les magistrats. « Il n’y a pas de réaction de la majorité », déplore la députée Émilie Cariou, ex-LREM.
Le ministre de la justice a annoncé avoir demandé l’ouverture d’une enquête disciplinaire contre trois magistrats du PNF impliqués dans des investigations qui l’avaient visé en 2014, en marge du scandale Bismuth-Sarkozy. Deux syndicats de magistrats parlent d’une affaire d'une gravité « inédite ».
L’enquête menée en 2014 par le parquet national financier (PNF) en marge de l’affaire Bismuth-Sarkozy afin d’identifier une « taupe » au sein de l’appareil judiciaire était légale et n’a pas violé la vie privée ou le secret professionnel des avocats visés (dont Me Dupond-Moretti), a conclu l’Inspection générale de la justice.
Éric Dupond-Moretti a passé une partie de ses vacances avec l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog. Ce dernier sera jugé en novembre prochain pour « corruption » dans l'affaire Bismuth-Sarkozy. Au procès, l’accusation sera portée par le PNF, placé statutairement sous l’autorité... du ministre, qui invoque sa « vie privée ».