Bruxelles (Belgique), envoyé spécial.- « La question n’est plus de savoir si Trump va tenir ses promesses de campagne. C’est plutôt de savoir s’il ne pourrait pas se révéler encore pire au pouvoir », lâche un haut responsable européen. Ce dernier ne s’est toujours pas remis de la nomination, samedi, de Stephen Bannon, figure du courant suprémaciste blanc, au National Security Council (un panel qui conseille sur la politique étrangère et la sécurité). Il ironise, grinçant : « On va se remettre à la lecture du Complot contre l’Amérique », en référence à ce roman de Philip Roth centré sur la figure de l’aviateur et sympathisant nazi Charles Lindbergh, dans les années 1940.
À Bruxelles, les dirigeants et diplomates européens oscillent entre effroi, sidération et déni. Ils commencent à peine à mesurer les conséquences de la rupture en cours : le président de la première puissance mondiale est désormais un ennemi déclaré du projet européen. C’est la fin spectaculaire de 70 ans de soutien de Washington au projet d’intégration continental. « Il ne faut pas se tromper : l’Europe est directement visée, et nous devons y répondre », assure le commissaire français Pierre Moscovici, qui prédit « la fin de la pax americana ». D’ordinaire policé, le président du Conseil européen, Donald Tusk, est sorti de son silence mardi 31 janvier, évoquant les « déclarations inquiétantes » de l’administration américaine. « Nous devons rappeler à nos amis américains notre slogan : l’union fait la force », juge l’ancien premier ministre polonais dans un communiqué.
« Ce qu’il se passe avec les États-Unis a des côtés perturbants », reconnaît, tout en euphémisme, un diplomate de premier plan dans la capitale belge. « On est confronté à un mode de gouvernance un peu inhabituel, allez savoir si tel ou tel tweet est une réaction d’humeur, ou une prise de décision déterminée… » Mais le même reconnaît qu’il a encore « du mal à y croire, parce que j’ai du mal à voir en quoi tout cela correspond à l’intérêt des États-Unis ». L’Allemand Martin Schulz, l’ancien président du Parlement européen, en campagne pour la chancellerie à Berlin, est sans doute l’un de ceux qui ont frappé le plus fort, qualifiant mercredi le nouveau président de « non-Américain ».
Trump 2017 : chaos à la Maison Blanche
A Bruxelles, les Européens sont sidérés par Donald Trump
Les Européens vont se livrer à une première « appréciation » du séisme Trump lors d'un sommet informel, vendredi à Malte. Pour la première fois, les États-Unis se posent en ennemis du projet d'intégration européenne. Le Polonais Donald Tusk, à la tête du Conseil européen, parle de « déclarations inquiétantes » de Washington.
1 février 2017 à 17h40