La guerre en Ukraine ravive les blessures mémorielles en Estonie
Depuis l’invasion russe du 24 février 2022, le gouvernement estonien affiche avec force son soutien aux autorités de Kyiv, et semble se méfier de la minorité russophone de sa population. Au risque de réveiller de vieilles blessures identitaires ?
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NarvaNarva, Tallinn (Estonie).– Il est des routes qui semblent parfois porter trop de mémoires quand les rayons du soleil, filtrés par les nuages du golfe de Finlande, ne font que multiplier les gris. En remontant les eaux du fleuve Narva vers le sud, depuis la côte de la mer Baltique, les tombes sont sous les houppiers de forêts plus nombreuses que les hommes. Les restes de soldats allemands et ceux des Soviétiques qui essayaient au printemps 1944 de percer depuis Leningrad sont sagement alignés sous l’humus, à proximité des cimetières juif et luthérien. Sur la rive gauche du fleuve, un poteau noir et blanc marque la frontière estonienne, qui est aussi celle de l’Union européenne, face aux marécages où débute le territoire russe.