En Argentine, l'utopie coopérative résiste au temps
La grande crise économique de 2001 avait inventé ici de nouvellessolidarités: les coopératives ont permis de créer des emplois, sans patron et parfois même sans échange monétaire. En dépit du retour à l'ordre économique, social etpolitique, certaines prospèrent encore. Reportage.
DansDans les années 2000, de nombreux militants et personnages politiques français – dont Ségolène Royal –, plus ou moins discrètement, se sont précipités en Argentine pour voir s'ils pouvaient s'inspirer des milliers d'expériences de coopératives qui se sont multipliées dans le pays, principalement dans la région de Buenos Aires, après la crise économique. Celles qui administrent des entreprises abandonnées par leurs propriétaires ou bien “récupérées” après les nombreuses faillites; ou encore celles qui se sont donné pour objectif de créer de nouveaux emplois en fédérant des activités individuelles, commerciales, industrielles ou artisanales. Parmi ces dernières, les coopératives de cartoneros, les récupérateurs cherchant dans les sacs-poubelles abandonnés de quoi revendre à des sociétés de recyclage: du carton – d'où ce nom générique –, du plastique ou du métal. Activités qui perdurent et se traduisent par la présence, une fois ces chiffonniers passés nuitamment, de sacs éventrés jonchant les trottoirs et les chaussées. De quoi exaspérer les services sanitaires et les habitants de Buenos Aires. De quoi aussi provoquer de véritables batailles rangées entre ces hommes, ces femmes et ses enfants se disputant le contrôle et l'exploitation de quelques rues.