Europe Reportage

David Cameron est piégé par sa surenchère anti-migrants

Le premier ministre se contente du strict minimum envers les réfugiés syriens. Malgré les élans de solidarité d’une partie des Britanniques, le débat est miné, sous la pression des nationalistes du UKIP. Les demandeurs d'asile y sont parmi les plus stigmatisés en Europe. Mais les crispations politiques ne changent rien aux dynamiques de fond : Londres continue d’attirer massivement les migrants.

Ludovic Lamant

De notre envoyé spécial à Londres, Margate et Ramsgate (Kent). Chris Wells n’imagine pas d’autre entrée en matière : il faut absolument visiter le quartier de West Cliftonville pour prendre le pouls du « district » qu’il dirige. Ces rues perpendiculaires au front de mer montrent des alignements de villas à bow-window, certaines mal entretenues, d’autres carrément en ruines. Ce sont d’anciens hôtels chics, du temps où Margate, à la pointe sud-est de l’Angleterre, était une station balnéaire réputée pour les Londoniens. Depuis, le tourisme s’est déplacé. La splendeur est passée, et plus aucun ferry ne circule pour rejoindre la France. La côte qui court de Ramsgate à Margate, à quelques kilomètres des falaises de Douvres, est devenue l’une des poches les plus pauvres du Kent.
Certains immeubles sinistrés des rues désertes de Cliftonville abritent aujourd’hui « sept ou huit familles de migrants », prétend Wells, « des Polonais, des Roumains, des Tchèques ». Cette figure locale du UKIP, le parti anti-UE et anti-migrants de Nigel Farage, a été élue à la tête du « district » de Thanet au printemps. Une première pour cette formation encore très inexpérimentée sur le terrain. C’est aussi sur cette terre du Sud, où le UKIP réalise certains de ses meilleurs scores, que Nigel Farage s’est présenté aux législatives de mai dernier. Farage avait alors raté la victoire d’un cheveu, devancé par un conservateur.

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