L'accalmie estivale n'a pas duré. Croissance au ralenti, destruction plus massive que prévu d'emplois, consommation toujours en berne: les mauvaises statistiques des derniers jours ont ravivé les inquiétudes sur la santé de la première économie mondiale. Le spectre du «double dip», c'est-à-dire d'une rechute de la croissance après la reprise amorcée fin 2009 aux Etats-Unis, se précise.
Pour éviter ce scénario en «W», le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté les autorités à poursuivre leurs mesures de soutien à l'économie. Mais les quelques annonces de la Réserve fédérale mardi 10 août – des rachats d'obligations d'Etat – ont été jugées trop timorées. Pas suffisantes en tout cas pour évacuer le risque de déflation. Wall Street a clôturé en repli de 0,57% jeudi, après un plongeon de 2,49% la veille. Les bourses européennes ont suivi la tendance.
Moins commentées par les marchés, mais peut-être plus lourdes de conséquences pour les mois à venir, deux démissions, coup sur coup, de conseillers économiques au sein de la garde rapprochée de Barack Obama témoignent de vifs désaccords sur la politique à mener. A l'approche des élections de mi-mandat, ces départs font désordre dans le clan démocrate.
Peter Orszag est parti en juin. D'après la presse anglo-saxonne, le directeur au budget était partisan d'une hausse des impôts pour contenir l'explosion du déficit, et s'est heurté au refus de Rahm Emanuel, conseiller politique d'Obama. Christina Romer a pour sa part annoncé le 5 août son départ, effectif le 3 septembre. Cette spécialiste de la crise de 1929, professeur à Berkeley, s'est très tôt opposée à Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor sous Bill Clinton, sur le montant du plan de relance. Depuis lors, les choses ne se sont pas arrangées.
En attendant le scrutin de novembre, le débat enfle aux Etats-Unis: les politiques keynésiennes mises en place par Barack Obama à son arrivée à la Maison Blanche sont-elles efficaces? Le fameux «multiplicateur keynésien», pilier du plan de relance, est-il encore pertinent dans les années 2000? Dans un entretien à Mediapart, Philippe Martin, professeur à Sciences-po, répond, point par point, aux détracteurs de l'auteur de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie: «La bonne question consiste plutôt à se demander ce qu'il se serait passé sans plan de relance.»
International Entretien
Barack Obama s'est-il fait avoir par Keynes?
Alors que les mauvais chiffres sur l'économie américaine s'accumulent, le débat enfle aux Etats-Unis: en ressuscitant Keynes face à la crise, la Maison Blanche n'a-t-elle pas fait fausse route? Pas du tout, répond Philippe Martin, professeur à Sciences-po.
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