Le commissaire européen Pierre Moscovici s’en était pris, la semaine dernière, à « une nouvelle pensée unique, défaitiste et paresseuse [selon laquelle] le projet européen est en train de mourir ». Il s’était vivement opposé, devant des journalistes français réunis à Bruxelles, à ce discours en vogue sur la « sclérose lente » de l’Europe dont se délectent les « populistes » de tout bord, convaincu que l’UE reste « une idée d’avenir ».
À écouter son patron, Jean-Claude Juncker, prononcer mercredi à Strasbourg les premières lignes de son traditionnel discours sur l’état de l’Union, il semble que le « défaitisme » menace de gagner aussi les plus hautes sphères du pouvoir bruxellois. « Je n’ai jamais vu aussi peu de bases communes entre États membres. Et si peu de secteurs dans lesquels ils acceptent de travailler ensemble », a prévenu d’entrée de jeu le président de la Commission, qui navigue pourtant dans les sphères européennes depuis une trentaine d’années.
« Je n’ai jamais vu des gouvernements nationaux à ce point affaiblis par les forces du populisme, et paralysés par le risque d’une défaite lors de prochaines élections », a poursuivi Juncker, alors que la France, les Pays-Bas et l’Allemagne organisent l’an prochain des élections législatives et/ou présidentielle. Le Luxembourgeois a évoqué une « crise existentielle » du projet européen. « Nous respectons et regrettons la décision du Royaume-Uni, mais l’existence de l’UE, en soi, n’est pas menacée », a-t-il toutefois nuancé plus loin, pour couper court aux prophètes de mauvais augure.
Europe: Jean-Claude Juncker, toujours aussi crépusculaire
Le Luxembourgeois, malmené par le Brexit, a prononcé mercredi à Strasbourg un discours de rentrée en forme de plaidoyer pour une « Europe qui protège ». C’est une première étape pour « réunir l’Europe » menacée d'éclatement après le Brexit, en attendant le sommet de Bratislava vendredi.
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