Tous marchent dans le même sens sur le trottoir de l’avenue McGill, au centre-ville de Montréal. Devant le Consulat de France, ils sont des milliers à se tenir serrés, en silence. Quand retentit la chanson Imagine, les larmes coulent sur les joues transies par un froid qui annonce l’hiver.
LeLe silence se change en murmure puis La Marseillaise monte doucement, l’hymne d’habitude plus guerrier se chante avec le ton du réconfort. « On le vit aussi violemment, on voulait se sentir en communion avec la France, alors que la loi là-bas les empêche de se réunir », dit à voix basse Alice Burger. Avant de déménager à Montréal, elle a vécu sept ans à Paris avec son conjoint, rue de Charonne, l’un des endroits où les terroristes ont frappé. « Tous nos amis habitent le quartier, souffle-t-elle pour mesurer à nouveau la tragédie. Il y avait toujours la file devant Le Petit Cambodge, et une amie y est même allée sur l’heure du midi. »
Et c’est ce qu’on se raconte partout dans les rangs avant de parvenir à déposer une gerbe de fleurs au plus près des portes du Consulat. « Un copain est fan du groupe qui jouait au Bataclan, mais il n’y était pas », se rassure un barbu, et son copain lui répond : « Ils sont restés enfermés des heures là-dedans, tu imagines. »
Le message envoyé est clairement celui de la paix. « Je suis bouleversée par les événements eux-mêmes, et je redoute d’autant plus les conséquences. J’ai très peur des gens qui voudront riposter en pointant du doigt, qui ressentiront de la haine au point de vouloir encore plus de violence », confie Mme Burger, sa fille s’agrippant à son manteau.