De notre envoyée spéciale au Kurdistan irakien. Adossés au mur jaune d'une maison, des hommes en noir et au regard grave attendent que le temps passe. Tous ont échoué à Kirkouk, au nord de l'Irak, après que leur village a été pris d'assaut par l’État islamique (EI). Bechir, localité turkmène chiite située à une vingtaine de kilomètres de la ville, est depuis le 17 juin vidée de ses habitants. « Je rentrais du travail quand le bruit a couru que les jihadistes venaient d'attaquer le village », témoigne Abou Mohammad, un quinquagénaire présent sur les lieux le jour de l'offensive. « Plusieurs dizaines d'hommes ont encerclé Bechir et nous ont bombardés avec des tirs de mortiers, j'ai vu qu'ils défonçaient les portes des maisons et qu'ils tiraient sur des civils. » Sans plus attendre, Abou Mohammad a sauté dans sa voiture avec sa famille et déguerpi vers Kirkouk. « D'autres n'en ont pas eu le temps. » Douze personnes sont mortes et autant sont portées disparues. Assis à côté de lui, Ali* en sait quelque chose : à la faveur d'un pourparler avec l'EI, il a recueilli les corps de trois de ses frères, tués le 17 juin. « Ils ont tous le même impact de balle derrière la tête, ils ont été exécutés », décrit-il tristement.
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