Mis en difficulté en Syrie et en Irak, l'État islamique se fait plus présent en Europe, de Londres à Manchester, de Berlin aux Champs-Élysées, mais aussi à Istanbul, en Inde, en Afghanistan et au Pakistan. Tous nos articles : reportages, enquêtes et analyses.
Depuis plusieurs mois, l’organisation terroriste anticipait la perte de son califat. Les services de renseignement français craignent désormais la relocalisation des troupes sur d’autres théâtres de djihad et l’envoi de clandestins en Europe par le biais d’un mystérieux « Comité d’émigration et de logistique », basé en Turquie, au Liban et en Jordanie.
La France a surtout été frappée en 2017 par un terrorisme endogène, visant les forces de sécurité 9 fois sur 11, dans des attaques au mode opératoire sommaire. Depuis trois ans, sur les 20 auteurs d’attentats recensés, seulement trois étaient en situation irrégulière.
Les juges d’instruction parisiens chargés de l’enquête pour « financement du terrorisme » visant la multinationale Lafarge ont identifié plus de 15 millions de dollars suspects dont une partie importante a financé, entre 2011 et 2015, des organisations terroristes en Syrie (y compris l’État islamique) dans le seul but de maintenir l’activité d’une usine sur place. Révélations.
Alors que les experts s’accordent à penser qu’une nouvelle vague de terreur va frapper l’Égypte dans les prochains mois, l’armée israélienne se dit prête à intervenir dans le Sinaï si nécessaire.
Alors que Daech est poussé dans ses derniers retranchements en Irak et en Syrie, les combattants islamistes ont commencé à fuir dans d’autres pays, à organiser la guérilla ou à rentrer chez eux. Mais leur menace risque de continuer à se faire sentir pendant longtemps.
Avec la perte de ses deux capitales autoproclamées, Raqqa en Syrie et Mossoul en Irak, c’est tout le califat qui s’effondre. Mais les conditions qui l’ont fait apparaître n’ayant pas changé, le djihadisme ne disparaît pas pour autant. L’État islamique peut aussi compter sur les divisions de ses ennemis.
Entretien avec Ori Goldberg, chercheur israélien à l’Institut international du contre-terrorisme d’Herzliya, qui développe une approche religieuse des ressorts du djihadisme, un prisme qui l'amène à distinguer Daech de la « rationalité » d’Al-Qaïda.
L’État islamique a, lui aussi, ses services secrets. Une enquête au long cours de Mediapart révèle les méthodes de contre-espionnage utilisées par les djihadistes. Elles n’ont rien à envier aux pratiques de la Guerre Froide et expliquent comment les attentats qui ensanglantent l’Europe ont été rendus possibles.
À Tal Afar, Raqqa et bientôt Deir ez-Zor, Daech mène ses dernières batailles. Pour autant, même quand l'organisation islamiste aura perdu tous les territoires qu'elle contrôlait il y a encore deux ans, l'Irak et la Syrie demeureront profondément déstabilisés.
Responsables d’attentats meurtriers dans les années 2000, les djihadistes indonésiens, décimés par une répression brutale, sont en pleine réorganisation. Sous l’influence des combattants rentrés du Proche-Orient et de Daech, de multiples groupes armés veulent désormais étendre le califat jusqu’en Birmanie.
Assiégé à Mossoul et à Raqqa, le califat d’Abou Bakr al-Baghdadi se tourne vers l’Asie du Sud-Est pour conquérir de nouvelles provinces. C’est en tout cas l’objectif proclamé par des groupes djihadistes issus d'anciennes rébellions et qui se battent désormais sous le drapeau de Daech au sud des Philippines.
Les forces irakiennes ont lancé, le 18 juin, l’assaut sur la vieille ville de Mossoul encore tenue par l'État islamique. Perdant du terrain face à la coalition internationale, l’organisation adopte « un mode de combat insurrectionnel » qui se rapproche des stratégies employées à ses débuts, comme le détaille un rapport des services secrets français révélé par Mediapart. Avec quelques innovations. La guérilla menée par les djihadistes se décline avec les technologies modernes, ordinateurs et mobiles.
L'attentat de Manchester, après celui de Londres, est sans doute le signe que l’EI a compris que la base territoriale dont il disposait, à cheval sur l’Irak et la Syrie, était amenée à disparaître. Dès lors, il ne lui reste plus que les attentats.
Samir Nouad a été éliminé le 22 avril lors d’une frappe en Syrie. Comme l’avait révélé Mediapart, ce djihadiste était suspecté d’être l’un des principaux cerveaux de la vague d’attentats qui a touché l’Europe.
Visé jeudi 13 avril par une bombe américaine de destruction massive, le district afghan d’Achin est aujourd’hui aux mains de l’État islamique, qui a succédé aux talibans historiques et qui est devenu leur ennemi numéro un.
L’attentat de Londres s’inspire des écrits de plusieurs théoriciens du djihad qui prônent le recours à d’autres formes de terrorisme : décentralisé et s’appuyant sur des individus radicalisés et armés avec les moyens du bord.