La prise, fin décembre, par l’armée irakienne de la ville de Ramadi contrôlée par les djihadistes depuis sept mois est un succès militaire incontestable pour le régime de Bagdad. Mais pas encore un tournant de la guerre contre Daech qui a riposté en exportant le djihad hors des frontières du califat.
Tirant les leçons des erreurs d'Al-Qaïda et profitant des compétences de ses nouvelles recrues occidentales, l'EI a mis en place une entreprise de communication reposant sur plusieurs départements parfaitement structurés et agissant de manière coordonnée. Surfant sur nos peurs et recyclant notre culture, ils parviennent à créer un monde virtuel manichéen où le djihadiste devient une sorte de super-héros défendant le Bien contre le Mal.
La stratégie américaine de lutte contre l'État islamique, entre frappes aériennes, opérations secrètes et efforts diplomatiques, ne porte pas ses fruits. Après la tuerie de San Bernardino, elle fait l’objet de critiques constantes, mais personne ne semble en mesure de proposer une alternative viable.
C'était en 2013. Ils étaient jeunes, gonflés à bloc, et voulaient, disent-ils, combattre l'armée de Bachar al-Assad. Ils ne sont restés que quelques jours ou semaines en Syrie, généralement sans combattre. Lundi, le procureur de la République a cependant demandé qu'ils soient emprisonnés entre 6 et 8 ans. Pas pour ce qu'ils ont fait. Mais pour ce qu'ils pourraient faire.
Officiellement, la monarchie saoudienne appartient à la coalition réunie autour des États-Unis pour combattre Daech en Syrie et en Irak. En fait, Riyad est beaucoup plus actif dans la promotion du wahhabisme et, surtout, prend l’offensive pour imposer sa suprématie régionale face à l’Iran.
Les accusations de Poutine contre le régime du président turc Erdogan ont déjà été formulées depuis longtemps : obsédé par sa crainte de voir s'installer une région kurde autonome à sa frontière, Recep Tayyip Erdogan combat davantage le PKK et l'indépendantisme kurde que l'État islamique.
En prenant le contrôle de 60 % des ressources pétrolières syriennes, Daech a mis la main sur une ressource stratégique pour financer sa guerre et contrôler des territoires. L’effondrement des prix et les attaques militaires répétées pour désorganiser la production et la contrebande commencent, cependant, à mettre à mal cette puissance financière.
Bloqué dans son expansion en Irak et en Syrie, l'État islamique serait tenté de se réfugier en Libye, où il contrôle déjà la ville de Syrte et quelques autres zones. Une perspective qui inquiète beaucoup d'observateurs.
Les attentats commis par Daech ont relancé le débat sur le rôle de l’Arabie saoudite dans l’essor idéologique, politique et financier des djihadistes, et sur les contradictions entre la guerre contre Daech et le soutien à l’Arabie saoudite. Entretien avec Stéphane Lacroix, professeur en science politique et spécialiste du monde arabe.
Héritière directe du désastre américain en Irak, l'organisation de l'État islamique ne cesse de gagner en puissance. Quatre chercheurs, Jean-Pierre Filiu, Myriam Benraad, Patrick Haimzadeh et Claire Talon, débattent du chaos régional au Proche-Orient et de la politique étrangère française.
Pourquoi l’Irak tient-il une place centrale dans la formation de l’organisation de l’État islamique ? Comment l’État islamique parvient-il à conserver un si large territoire malgré les offensives conjuguées des Kurdes, de la Turquie et de la coalition américaine ? Réponses à ces questions avec deux invités, la chercheuse Myriam Benraad et le journaliste Wassim Nasr, spécialistes de l'Irak et de la mouvance djihadiste.
Spécialiste de la mouvance djihadiste, Wassim Nasr bat en brèche l’idée d’une offensive concertée de l’État islamique, de la Somalie au Koweït, de la Tunisie à la France. Il estime en outre que les États occidentaux, dont la France, font le lit du djihadisme en préférant les dictatures aux forces issues des scrutins démocratiques. Entretien.
Qui sont les commandos entraînés qui ont commis les attentats du vendredi 13 novembre à Paris ? Pourquoi visent-ils en priorité la France ? Éléments de réponse avec le spécialiste du djihadisme David Thomson.
Mediapart s’est procuré la totalité du corpus des textes saisis en 2010 aux domiciles de Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. Une documentation idéologique pour justifier les attentats qui apparaît souvent contradictoire, à très forte tonalité politique. Nous avons sollicité l’analyse du chercheur Romain Caillet.
Le chercheur, spécialiste de Daech et de l’Irak, revient sur la manière dont l’État islamique tente d’importer en France les méthodes qui ont fait son succès au Moyen-Orient. Et esquisse quelques pistes pour lutter contre l’essor de cette organisation.
En Syrie, en Irak, la progression des djihadistes de l’EI continue de mettre à nu la vacuité des choix de la coalition internationale. Longtemps en poste à Damas, Peter Harling, de l'International Crisis group, analyse ce fiasco comme une absence de stratégie, non pas militaire, mais de reconstruction du pays. « On ne se pose pas le problème du jour d’après », estime le chercheur.