Dans les boîtes de nuit du Burkina, on danse le coupé-décalé. A la faculté, on parle nouchi, l'argot d'Abidjan. Le Burkina Faso est en train de s'«ivoiriser» à grande vitesse. Depuis le coup d'Etat manqué de 2002, près de 600.000 Burkinabè ont fui la Côte d'Ivoire et retrouvé leur pays natal. Les métissages en cours s'accompagnent de réflexes identitaires plus inattendus. Reportage à Ouagadougou. Et toujours en cours, notre édition participative, à quatre mains, sur le Burkina Faso.
CoupéCoupé. Le bras droit fend l'air et retombe. Décalé. Au tour du bras gauche d'être pris de convulsions spectaculaires. Au «Stade de France», l'un des «maquis» – un bar-discothèque – parmi les plus connus de Ouagadougou, le coupé-décalé est religion. La nuit tombée, ça frime sur la piste de danse, au rythme de cette mécanique entêtante «de bruits et de fesses», inventée au début des années 2000 dans la communauté ivoirienne de Paris, avant de déferler sur Abidjan. Extrait du Fatigué, fatigué, l'un des derniers hits du genre, dont la chorégraphie, plus économe que la moyenne, met en scène un corps essoufflé, presque en bout de course :