Premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 4 mars, et les manifestations se poursuivent. L'hebdomadaire moscovite New Times (partenaire de Mediapart) a mis face-à-face deux des personnalités les plus en vue du moment : Olga Romanova, porte-voix des contestataires, et Mikhaïl Leontiev, grand défenseur de Poutine. Débat.
Ils sont deux journalistes vedettes en Russie. En première ligne, parce que les intellectuels russes s'engagent plus rarement et parce que tous deux présentent des émissions qui sont parmi les plus écoutées ou regardées du pays. Amis de toujours, ayant travaillé côte à côte il y a plus de dix ans pour une émission sur la chaîne TVS (“Na samom dele”,“En fait”), Mikhaïl Leontiev et Olga Romanova se font désormais face. L'objet de leur désaccord ? Vladimir Poutine, son régime et les manifestations sans précédent depuis vingt ans qui ont lieu depuis trois mois pour demander son départ et dénoncer le trucage des élections. Le premier tour de l'élection présidentielle se tiendra dimanche 4 mars, et Vladimir Poutine a de bonnes chances d'être élu dès ce premier tour. Mais le mouvement de contestation a réveillé les débats en Russie : ceux qui continuent à soutenir Poutine et ceux qui relaient l'exaspération d'une large partie de la jeunesse et de la classe moyenne. Mikhaïl Leontiev, animateur de l’émission “Odnako” (“Et pourtant”) sur la première chaîne d'Etat, déroule tous les arguments du Kremlin : la contestation est une immense manipulation, financée par les Etats-Unis, sur le modèle de la révolution orange qui, en 2004, a eu lieu en Ukraine. Olga Romanova est de longue date une porte-parole de cette classe intellectuelle qui dénonce le système Poutine : directrice-adjointe du mouvement contestataire “Sidiachtchaya Rossiya” (“Russie assise”), elle a activement participé à l'organisation des dernières manifestations. Le 4 février, Leontiev et Romanova ont tous deux manifesté à Moscou. Le premier en participant au meeting de soutien à Vladimir Poutine organisé dans le parc Poklonnaya. La seconde en s'adressant à la foule de contestataires réunie non loin du Kremlin, place Bolotnaya (notre compte-rendu de cette journée est à lire ici).