International Enquête

Sur la “route libyenne”, des passeurs de migrants de plus en plus organisés

Les sauvetages en mer se poursuivent en Méditerranée, entre la Libye et l'Italie. Dimanche, l'ONG espagnole Proactiva Open Arms a secouru plus de 250 migrants en détresse, épaulée par MSF. En 2017, 94 % des migrants arrivés en Italie sont passés par cette voie libyenne. Les passeurs se professionnalisent.

Elisa Perrigueur

À bord du Rio Segura, en Méditerranée et en Sicile.- Ce sont eux qui lui ont fait traverser ce qu’il appelle l’« enfer ». Michael, 26 ans, n’oubliera pas ces hommes qui répétaient aux migrants « You are My people ». Ces hommes qui lui ont demandé 2 000 dinars (1 260 euros) pour franchir la Libye par étapes en passant par « Sebha (au sud), Tripoli puis Sabratha (au nord-ouest) », entre février et juin 2017. Ces hommes qui ont considéré que, une fois son “voyage” payé, il n’y avait plus aucune règle. « Entre deux arrêts, ils m’ont enfermé pendant deux mois et frappé avec une matraque, ils voulaient que ma famille (restée au pays) leur verse, en plus du prix initial, 1 000 dinars (630 euros) pour me libérer. » Sa voix s’emballe, son regard se perd, ses mains se crispent. « Alors que nous avions tous embarqué sur un canot avec 100 autres migrants, ils ont tenté de reprendre le moteur au bout de quelques mètres en demandant encore plus d’argent. » Les passeurs, ces hommes haïs de Michael, influencent aujourd’hui le flux de personnes qui veulent rejoindre l’Europe par la Méditerranée. Ce sont ces passeurs qui coordonnent l’itinéraire, décident du traitement, voire de la mort, des migrants qui empruntent cette dangereuse “route libyenne”.

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