De notre envoyé spécial à Bruxelles. C'est un indicateur clé pour mesurer la vitalité d'une démocratie : l'accès rapide et facile aux documents d'intérêt public produits par ses institutions, lorsqu'un citoyen en fait la demande. De ce point de vue, l'Union européenne, avec ses négociations commerciales menées à l'abri des regards et les sessions à huis clos des conseils européens, a quelques progrès à faire, pour le dire poliment.
Des députés veulent profiter de la mise en place de la nouvelle commission européenne, d'ici fin octobre, pour changer la donne et réviser un vieux règlement de 2001 qui n'a jamais été tout à fait appliqué par des fonctionnaires souvent récalcitrants. Dans leur ligne de mire, la transparence des trois principales institutions : la commission (censée incarner l'intérêt général européen), le conseil (qui représente la voix des 28 États membres) et le parlement de Strasbourg (de loin la plus transparente des trois).
« La démocratie, c'est un jeu d'équilibres et de contrôle, de checks and balances. Mais aujourd'hui, la situation dans l'Union est très déséquilibrée : les citoyens se retrouvent totalement nus face à des institutions qui savent tout d'eux. Il est presque impossible de leur cacher quoi que ce soit de nos vies : même nos webcams sont surveillées. Et de l'autre, ces institutions refusent trop souvent le jeu de la transparence », avance Sophie in't Veld, une eurodéputée libérale néerlandaise qui présentait, mercredi à Bruxelles, une « feuille de route » pour plus de transparence.
« On entend souvent dire, à Bruxelles, que les institutions européennes sont plus transparentes que bon nombre d'institutions nationales, dans les capitales… C'est sans doute vrai. Mais, à la différence des États membres, l'UE ne peut pas se satisfaire de cette situation : la seule manière pour elle de regagner la confiance des citoyens, c'est de renforcer sa transparence, et d'accroître la responsabilité de ceux qui représentent et gouvernent », renchérit l'Irlandais Fergal O'Regan, qui travaille à Bruxelles pour le médiateur européen.
Initiative pour davantage de transparence dans la « bulle » bruxelloise
Opacité des réunions du conseil européen, accès refusé aux documents des négociations de libre-échange avec Washington… Des élus exhortent la nouvelle commission de Jean-Claude Juncker à faciliter l'accès aux documents d'intérêt public.
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