En Catalogne, les anticapitalistes font durer le suspense
1 515 voix pour, et autant de voix contre : l’assemblée des anticapitalistes de la CUP n’est pas parvenue, dimanche, à débloquer la crise catalane. La décision de soutenir ou non l’investiture du sortant Artur Mas, pour consolider le bloc indépendantiste, est reportée. Au même moment à Madrid, les négociations s’ouvrent pour tenter de former un gouvernement à l’échelon national.
ToutTout le monde s’attendait à un vote serré. Mais il était difficile d’imaginer le scénario d’une égalité parfaite. Au troisième tour de vote de l’assemblée générale convoquée à Sabadell, dans les environs de Barcelone, les quelque 3 000 militants anticapitalistes de la CUP (Candidature d’unité populaire) ne sont pas parvenus à trancher, dimanche en début de soirée. Ils sont 1 515 à s’être prononcés, par bulletin secret, pour le soutien à l’investiture d’Artur Mas, le président sortant de la communauté autonome de Catalogne (droite), la Generalitat, et 1 515 autres à avoir exprimé leur veto. La CUP a donc décidé de reporter la décision, qui sera prise cette fois par la soixantaine de représentants territoriaux de l’organisation, le 2 janvier prochain. Cette incapacité à décider est révélatrice d'une situation totalement inédite : l’avenir politique de la Catalogne (7,5 millions d’habitants), et son éventuel virage vers l’indépendance, dépendent ces jours-ci de l’avis de quelques dizaines de cadres d’une formation longtemps ultra minoritaire dans le paysage local. Si bien que le conservateur Artur Mas, l’héritier de Jordi Pujol, qui a mené des politiques d’austérité musclée lors de son dernier mandat, dont le parti (Convergence démocratique de Catalogne, CDC) a été bousculé par nombre d’affaires de corruption, et dont la cote de popularité s’est affaissée, pourrait obtenir son salut politique… des anticapitalistes de la CUP.