Massi K., militante des droits des femmes et des droits humains, a été intimidée par un agent du renseignement iranien le 3 janvier, lors d’une conversation téléphonique. Auprès de Mediapart, elle dénonce les méthodes du régime et appelle la communauté internationale à réagir.
Quatre mois après la mort de Mahsa Amini, et alors qu’une nouvelle pendaison a été annoncée par Téhéran, l’impitoyable férocité du régime a fait fléchir le soulèvement de la jeunesse iranienne. L’effet est particulièrement notable dans les couches les plus pauvres, qui ont largement contribué à alimenter la révolte.
Le régime, qui a fait le choix de la terreur et durcit sans cesse ses menaces, rapatrie du front syrien les milices chiites afghanes et pakistanaises. Du côté de la contestation, les manifestations sont devenues plus sporadiques.
Alors que la puissante contestation contre le régime iranien entre dans son troisième mois, reportage vidéo à Téhéran avec des étudiants et de jeunes activistes qui défient chaque jour la répression meurtrière. Sur place, notre journaliste a pu filmer des images rares. Et interdites.
La célèbre actrice iranienne et militante des droits des femmes a été arrêtée samedi en Iran, après avoir soutenu le mouvement de contestation entré dans son quatrième mois, ont annoncé l’autorité judiciaire et un média.
L’exécution inattendue du jeune manifestant Mohsen Shekari pour « inimitié à l’égard de Dieu » témoigne du fait que le régime de Téhéran ne mise que sur la répression pour venir à bout de la contestation. Plusieurs autres pendaisons semblent imminentes.
Mediapart organisait mardi 6 décembre une grande soirée publique de soutien au peuple iranien : Femme, liberté, solidarité. Durant plus de deux heures, des intellectuels, des artistes et de nombreuses personnalités iraniennes ont témoigné sur scène.
Début novembre, une exilée iranienne s’est vu notifier une obligation de quitter le territoire français et a été placée en rétention à Toulouse, alors qu’elle avait fui la répression. Le préfet de l’Aude assume sa décision. Le ministère de l’intérieur le contredit.
Pour les familles, l’incarcération ou la disparition d’un proche signifie souvent le début d’une longue recherche pour savoir qui le détient et son lieu de détention. Le célèbre rappeur Toomaj, dont on était sans nouvelles, risque d’être condamné à mort.
À Mahabad, les gardiens de la révolution sont intervenus massivement pour mettre fin à la contestation. La ville est coupée du monde et d’autres localités kurdes subissent une répression terrible. En Syrie, dans la région du Rojava, les Kurdes sont ciblés par la Turquie.
Les collégiennes, lycéennes et même écolières, qui ont rejoint la contestation, veulent faire entendre leurs voix au-delà des frontières. Une douzaine d’entre elles ont été battues à mort, d’autres se sont suicidées à la suite de leur arrestation.
L’Arménie est l’une des rares contrées dans laquelle les Iraniens et les Iraniennes peuvent aller et venir librement, à travers une frontière ouverte. Si la majorité reste discrète, certains se rendent quotidiennement devant l’ambassade de leur pays d’origine pour protester contre la répression en cours.
Mediapart s’est entretenu avec Kamyar, un homme dans la quarantaine qui participe depuis le début à la contestation. Face à la répression multiforme, « les grandes foules, c’est hors de question maintenant ». « Nous sommes tous des otages », témoigne-t-il.
Le soulèvement de la jeunesse iranienne est entré dans sa sixième semaine. Les funérailles des victimes permettent une remobilisation de la contestation, qui a pris une coloration très antireligieuse.
Un incendie est survenu samedi soir à Evin, la prison de Téhéran, ainsi que des affrontements et des fusillades, tandis que le mouvement de contestation entrait dans sa cinquième semaine.
Environ 80 morts en une seule journée à Zahedan, la capitale du Baluchistan. Répression phénoménale à Sanandaj, la grande ville kurde. Pour casser la révolte, qui vient de toucher le secteur pétrolier, le régime fait croire qu’elle risque de disloquer l’Iran.