Musiciens, vidéastes, plasticiens… ils sont au cœur des manifestations antigouvernementales et témoignent par messagerie sécurisée depuis l’intérieur de l’Iran. Après des décennies de censure, l’art devient un moyen de protestation.
À l’heure où les affrontements se font de plus en plus violents, comme à l’université Sharif de Téhéran et qu’une autre jeune fille a été battue à mort, la chanson « Pour », qui raconte simplement les désirs de liberté des manifestants, a recueilli plus de 40 millions de vues en deux jours.
Pour le philosophe Anoush Ganjipour, les manifestations en Iran exigent que le pouvoir des mollahs abandonne sa mainmise sur l’espace public. Une telle revendication d’une sécularisation, moderne, procède des injustices commises par la République islamique.
Les unités organisant la répression sont multiples et impitoyables mais n’arrivent toujours pas à mater des manifestants qui n’exigent plus seulement la fin du voile obligatoire, mais celle du régime.
Alors que des milliers de personnes bravent la répression et manifestent en Iran depuis une semaine, le régime des mollahs est-il menacé ? Nous analysons ce soulèvement exceptionnel impulsé par des femmes et qui transcende les classes sociales avec nos invité·es.
Pour la septième journée consécutive, les manifestations se poursuivent dans 80 villes d’un bout à l’autre du pays. On compte déjà plus de 30 morts et des centaines de blessés. Les Gardiens de la révolution menacent d’intervenir, ce qui provoquerait un bain de sang.
Le décès de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée à Téhéran au motif qu’elle ne respectait pas le code vestimentaire en vigueur, témoigne que la dissidence féministe est aujourd’hui l’une des cibles prioritaires du régime. Plusieurs personnes ont été tuées lors de manifestations organisées, en réaction, dans différentes villes du pays.
La hausse exponentielle des prix pousse à la révolte les villes du sud et de l’ouest de l’Iran. Une contestation que les forces sécuritaires ne parviennent pas à arrêter, tandis que le régime s’emploie à mettre en place une politique de ségrégation à l’égard des femmes.
Le fleuve qui traverse la ville-jardin iranienne est à sec depuis plus d’une vingtaine d’années. Les agriculteurs de la région, rejoints par la population, manifestent chaque vendredi. Le gouvernement semble préoccupé par le mécontentement.
Dans un ouvrage érudit, l’historien et sociologue Hamit Bozarslan se livre à un portrait croisé des régimes et dirigeants iraniens, russes et turcs. Il décortique leur vision du monde, vouée à s’affronter aux valeurs libérales et démocratiques sous prétexte d’anti-impérialisme.
Élu le 18 juin à la présidence de la République islamique d’Iran, le religieux Seyyed Ebrahim Raïssi prendra ses fonctions le 3 août. Pour Jonathan Piron, spécialiste de l’Iran et coordinateur du pôle prospective d’Etopia, un centre de recherche indépendant basé à Bruxelles, les radicaux sont désormais en première ligne et ne pourront plus s’abriter derrière les modérés en cas d’échec face aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux.
Les réseaux sociaux iraniens se mobilisent pour sauver le lutteur Navid Afkari, condamné à mort. Amnesty International parle de son côté d’une « épidémie de tortures » dans les prisons où le coronavirus pourrait faire des ravages.
Pas de libération en vue pour la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue dans une cellule surpeuplée de la prison d’Evin à Téhéran, et l’universitaire australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, transférée dans un effroyable centre pour droits communs dans le désert.
Avec les condamnations de trois jeunes ayant pris part aux émeutes de novembre 2019 et accusés d’être des mohareb, c’est-à-dire « en inimitié à l’égard de Dieu », le régime entend bien jouer la peur pour éviter d’autres mouvements de protestation. Pour essayer en tout cas.
Avec l’historien Clément Therme et notre collaborateur Jean-Pierre Perrin, retour sur la répression subie « sous embargo numérique » par les Iraniens. Nos invités expliquent la fuite en avant d’un régime incapable de se réformer, et l’inanité de la diplomatie française comme européenne.
La plupart des manifestations, qui ont commencé vendredi 15 novembre ont pris fin. Internet a été en grande partie rétabli. Le régime a annoncé que la répression serait terrible et la peine de mort pourrait être appliquée. On estime déjà que 4 000 personnes ont été arrêtées.