Le 13 septembre 2022 à Téhéran, Mahsa Amini, 22 ans, était arrêtée au motif qu’elle ne respectait pas le code vestimentaire en vigueur. Son décès a embrasé tout le pays, face à une répression est impitoyable. Toutes nos analyses, entretiens, émissions.
Pour l’anthropologue iranienne Chowra Makaremi, c’est un divorce : « La société iranienne se définit désormais contre son État ». Elle est aujourd’hui « déterminée à en finir avec la République islamique ».
À l’approche du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le régime frappe préventivement toute contestation. Sans pouvoir empêcher les femmes de transformer les rues en espaces de lutte, ni de s’exprimer depuis leurs lieux de détention.
Face au refus de plus en plus de femmes de porter le hidjab, le pouvoir se crispe et contre-attaque, même si les réformistes tentent de se faire entendre. Pendant ce temps, la population rit des « sextapes » qui circulent impliquant des religieux.
La chasse aux femmes non voilées a repris en Iran, où le refus de porter le hidjab est désormais considéré à la fois comme un crime et comme une « maladie mentale contagieuse ». Dans le même temps, une mystérieuse vague d’intoxications à l’alcool frelaté fait des dizaines de morts.
Ne pas porter le voile est désormais assimilé à un crime en Iran, où des caméras « intelligentes » traquent les contrevenantes. Dans tout le pays, les attaques chimiques contre les écoles pour filles ont repris.
Le Guide suprême Ali Khamenei a reconnu la réalité des attaques au gaz qui ont conduit à l’hospitalisation de plus de 5 000 lycéennes, collégiennes ou écolières. Leurs auteurs chercheraient aussi à imposer un rapport de force dans le cadre d’une lutte pour le pouvoir.
Un millier de jeunes filles ont été victimes d’attaques au gaz dans leurs établissements scolaires, à travers tout le pays. Le régime a fini par reconnaître ces agressions, perpétrées, semble-t-il, par des « groupes de vigilants » islamistes, mais paraît peu disposé à mener l’enquête.
En raison de la féroce répression que ne freinent pas les mesures très partielles d’amnistie, le mouvement de la jeunesse iranienne a renoncé aux manifestations pour s’orienter vers d’autres formes d’action. La résistance est aussi pour beaucoup individuelle.
Aucun leader réformiste n’ose dénoncer le climat de peur qui règne dans la République islamique, où la contestation a dû se retirer des rues. Seuls quelques grands ayatollahs se permettent de critiquer les condamnations à mort.
Massi K., militante des droits des femmes et des droits humains, a été intimidée par un agent du renseignement iranien le 3 janvier, lors d’une conversation téléphonique. Auprès de Mediapart, elle dénonce les méthodes du régime et appelle la communauté internationale à réagir.
Quatre mois après la mort de Mahsa Amini, et alors qu’une nouvelle pendaison a été annoncée par Téhéran, l’impitoyable férocité du régime a fait fléchir le soulèvement de la jeunesse iranienne. L’effet est particulièrement notable dans les couches les plus pauvres, qui ont largement contribué à alimenter la révolte.
Le régime, qui a fait le choix de la terreur et durcit sans cesse ses menaces, rapatrie du front syrien les milices chiites afghanes et pakistanaises. Du côté de la contestation, les manifestations sont devenues plus sporadiques.
Alors que la puissante contestation contre le régime iranien entre dans son troisième mois, reportage vidéo à Téhéran avec des étudiants et de jeunes activistes qui défient chaque jour la répression meurtrière. Sur place, notre journaliste a pu filmer des images rares. Et interdites.
La célèbre actrice iranienne et militante des droits des femmes a été arrêtée samedi en Iran, après avoir soutenu le mouvement de contestation entré dans son quatrième mois, ont annoncé l’autorité judiciaire et un média.
L’exécution inattendue du jeune manifestant Mohsen Shekari pour « inimitié à l’égard de Dieu » témoigne du fait que le régime de Téhéran ne mise que sur la répression pour venir à bout de la contestation. Plusieurs autres pendaisons semblent imminentes.
Mediapart organisait mardi 6 décembre une grande soirée publique de soutien au peuple iranien : Femme, liberté, solidarité. Durant plus de deux heures, des intellectuels, des artistes et de nombreuses personnalités iraniennes ont témoigné sur scène.