Vladimir Poutine, incapable d’éviter la chute de Bachar al-Assad, a perdu plus qu’un allié en Syrie : il y a également laissé sa réputation de partenaire sûr et loyal. L’avenir de la politique russe au Moyen-Orient réside désormais entre les mains du nouveau pouvoir syrien.
Le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas, est réputé comme le plus grand du Moyen-Orient. Devenu un quartier de la capitale à part entière, il n’est plus que l’ombre de lui-même après treize années de guerre civile.
En ce premier vendredi après la fuite de Bachar al-Assad, les Syriens et les Syriennes ont célébré la chute de son régime de terreur. À la joie et au soulagement se mêlent douleur des pertes et incertitude devant l’avenir.
Mediapart a suivi les rebelles du Sud après leur prise de Damas lors d’une offensive éclair, qui a surpris le monde entier. Beaucoup disent vouloir déposer les armes et retrouver « une vie normale ».
Arguant d’un motif sécuritaire, Israël pilonne depuis plusieurs jours les installations militaires syriennes et investit en toute illégalité la zone tampon du Golan.
Le régime de Bachar al-Assad est tombé. Qui sont les nouveaux maîtres du pays ? Quel avenir pour les Syriennes et les Syriens dans une société meurtrie par les disparitions de masse et les tortures ?
L’Allemagne, l’Italie ou la Suède ont décidé de geler les demandes d’asile des Syriens. L’Autriche va plus loin en voulant même expulser les réfugiés syriens de son territoire. En France, le ministre démissionnaire de l’intérieur veut lui aussi une « pause ».
À peine deux jours après la chute du régime de Bachar al-Assad, le service public syrien a rouvert ses portes, avec l’espoir nouveau de réformer un secteur miné par la corruption et sous-financé.
La Syrie était le seul pays allié de l’Iran dans le monde arabe, et la chute du régime de Damas est une défaite majeure pour la République islamique. Symbolisée par la perte du mausolée de Zeinab, auprès duquel une petite ville iranienne s’était bâtie au fil des ans.
Mazen al-Hamada, célèbre militant de la liberté, avait fui la Syrie de Bachar al-Assad après la révolution et l’emprisonnement. Puis était revenu dans son pays en 2020. Son corps a été retrouvé entre les murs de la prison de Saidnaya. Parmi tant d’autres.
Les rebelles islamistes qui ont renversé le président syrien Bachar al-Assad ont promis, mardi 10 décembre, de châtier les responsables « des tortures contre le peuple » sous l’ancien gouvernement, et nommé premier ministre l’ancien leader du groupe HTC à Idlib.
Centre d’extermination du régime Assad, la prison de Saidnaya a été libérée par les rebelles syriens. Son effondrement acte celui du système carcéral mis en place par un clan sanguinaire, qui avait fait des geôles son outil de répression central.
Dans Damas à peine débarrassée du régime sanguinaire de Bachar al-Assad, les tirs de joie ne s’arrêtent jamais, et la priorité des Syriens est de retrouver leurs proches disparus ou emprisonnés. À la prison lugubre de Saidnaya, des voix se font entendre, venant de cellules non encore libérées…
À l’annonce de la chute d’Assad, de nombreux Syriens en exil au Liban ont décidé de rentrer en Syrie. Reportage au poste-frontière libanais de Masnaa, déserté côté syrien par les autorités.
Des centaines de Syriens et de Syriennes en exil se sont rassemblés à Paris, dimanche 8 décembre, pour célébrer la chute de Bachar al-Assad. Beaucoup envisagent de retourner dans un pays quitté il y a des années, voire des décennies.
Le 8 décembre 2024 restera dans l’histoire de la Syrie : le despote Bachar al-Assad, fils du tyran Hafez al-Assad, a dû quitter précipitamment le pays que le régime des deux hommes a dépecé et martyrisé pendant 54 ans.