Pour la première fois depuis la chute de Bachar al-Assad, des milices de l’ancien régime et les nouvelles autorités de Damas ont combattu dans la région alaouite de Lattaquié. Plusieurs centaines de personnes sont mortes, y compris des civils.
Brisée par des années de guerre civile, de répression et par le « capitalisme rapace » du clan Assad, sans compter les sanctions internationales, la Syrie a vu sa monnaie perdre toute valeur et ses infrastructures s’effondrer. Paupérisée, la population se tourne vers l’économie informelle.
Mediapart a rencontré Nesrîn Abdullah, commandante en chef des YPJ, l’armée des femmes au Rojava. Elle exprime toute la méfiance de son organisation envers le nouveau pouvoir de Damas, et appelle notamment le président syrien à reconnaître le rôle central des femmes jusque dans les rangs de l’armée.
Au Kurdistan de Syrie, entre le feu turc, le pouvoir de Damas qui refuse tout scénario confédéral et le message historique d’Abdullah Öcalan appelant le PKK à déposer les armes, les Kurdes veulent défendre l’autonomie de fait, conquise depuis 2013, et la révolution des femmes qu’elle a rendue possible.
Plusieurs centaines de personnes de la communauté druze ont manifesté mardi contre les déclarations du premier ministre israélien exigeant la démilitarisation du sud du pays. Les manifestants ont aussi adressé une mise en garde au pouvoir de Damas sur la dissolution des factions armées.
Des milliers de combattants de l’État islamique sont détenus depuis des années dans les camps syriens d’Al-Hol et de Roj. Parmi eux, beaucoup d’étrangers. La rumeur d’une suppression des aides américaines pour la surveillance et l’approvisionnement du camp sème déjà la panique.
Dans la région montagneuse de Qousseir, qui domine la frontière avec le Liban, les forces de sécurité de transition ont dû livrer bataille contre les miliciens du Hezbollah et contre les trafics, notamment de captagon. La population locale craint des représailles.
Une cérémonie a pour la première fois été organisée devant un des symboles les plus forts de la cruauté des Assad, la prison de Saidnaya, à l’initiative d’une association. « Dans chaque zone du pays, il y a des groupes d’anciens prisonniers qui se rencontrent », raconte l’un d’eux.
Que peut-on saisir des projets économiques et politiques du groupe Hayat Tahrir Al-Cham, qui s’est rendu maître de la Syrie, à partir de ce qu’il a expérimenté à Idlib et commencé de faire à Damas ? Entretien avec le chercheur Patrick Haenni.
Dans la ville de Soueïda, les ferments révolutionnaires semés pendant le soulèvement de 2011 se sont maintenus à bas bruit. Les activistes de la région en ravivent déjà les braises et voient dans le moment actuel une prolongation des protestations menées ici toute l’année dernière.
Malgré la chute du régime de Bachar al-Assad, la région kurde d’Afrin reste occupée par des milices proturques, qui tyrannisent ses habitants, victimes de crimes et d’abus quasi quotidiens.
Une grande partie de celles et ceux qui ont dû fuir la Syrie ou ont été déplacés vers les zones refuges du nord après avoir participé au soulèvement anti-Assad reviennent déjà pour mettre leurs compétences au service de leur pays libéré.
Toutes celles et ceux qui se sont soulevés en 2011 voient aujourd’hui leur destin basculer. Partis en exil, déplacés à l’intérieur du pays ou demeurés dans les territoires tenus par le régime, ils cherchent à exister dans un moment où les groupes armés et islamistes ont la main.
L’intellectuel franco-syrien, qui fut l’un des premiers opposants au régime de Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, n’avait pas revu son pays natal depuis 1975. À 80 ans, il découvre un paradis perdu défiguré par la tyrannie et la guerre.
Alors que certaines milices d’Assad se cachent dans les montagnes entre Tartous et Lattaquié, les autorités syriennes ont ouvert un processus de « régularisation » pour les membres des forces armées du régime. Reportage dans la région qui fut la colonne vertébrale de l’ancienne dictature.
« On a combattu treize ans, c’est assez », dit un ancien du Front Al-Nosra. Quelles sont les trajectoires et les aspirations des membres de Hayat Tahrir Al-Cham, le groupe qui gouverne aujourd’hui la Syrie, un mois après la fuite de Bachar al-Assad ? Portraits.