Pour Laurent Wauquiez, ministre de l'emploi, le chômage partiel est le «meilleur dispositif anticrise». Rien qu'au deuxième trimestre 2009, il a «profité» à 319.000 salariés. Pour combien d'emplois sauvés? Combien de formations dispensées? Le gouvernement s'emmêle les pinceaux. Et refuse d'envisager qu'il ne puisse s'agir que d'un anesthésiant. Premier volet de notre série de reportages en Seine-Maritime.
Interrogé dans l'affaire de Karachi, un témoin important, l'ex-directeur financier et administratif de la Direction des constructions navales (DCN), a pointé le rôle particulier joué par Nicolas Sarkozy, en sa qualité de ministre du budget dans le gouvernement Balladur, dans le cadre de la signature du contrat Agosta – la vente par la France de trois sous-marins au Pakistan en 1994. Selon le juge Marc Trévidic, qui a interrogé Gérard-Philippe Menayas le 9 novembre, ce contrat pourrait avoir un lien, direct ou indirect, avec l'attentat de Karachi, qui a coûté la vie à onze employés français de la DCN en mai 2002. M. Menayas a également évoqué le versement de rétrocommissions en marge du contrat Agosta, notamment au profit de l'un des frères de Benazir Bhutto.
Outre les fortunes perdues sur les marchés financiers, des 751 millions d'euros partis en fumée à la mi-octobre 2008 jusqu'au près de 500 millions d'euros engloutis dans le «Conduit Sémillon», les Caisses d'épargne ont aussi fait des mauvaises affaires en apportant des financements à des opérations tenues confidentielles. Un financement en particulier retient l'attention: une filiale de l'établissement, la Banque Palatine, a apporté plus de 184 millions d'euros à deux grandes fortunes, la famille Pinault d'une part, le milliardaire irlandais Thomas Francis Gleeson d'autre part, pour entrer au capital de la société Icade (filiale de la Caisse des dépôts), qui constitue le cœur du logement social français. Au sein de l'Ecureuil, le projet avait un nom de code – cela ne s'invente pas! : «l'opération Bingo !».
Dominique Peutevynck s'est suicidé le 21 août 2004. Il était salarié de la centrale nucléaire EDF d'Avoine, près de Chinon (Indre-et-Loire). Dans les mois qui avaient précédé son geste, le médecin du travail avait tiré la sonnette d'alarme sur l'état de «souffrance professionnelle» des salariés de son service. EDF n'avait pas réagi. Le 30 novembre, le tribunal des affaires de sécurité sociale se prononcera sur la faute de l'entreprise. Les enjeux sont essentiels: il en va de la responsabilité d'une organisation managériale dans son ensemble, et pas seulement d'un supérieur hiérarchique. Mais aussi de la reconnaissance que la dépression peut être une maladie professionnelle.
Sous l'impulsion de Daniel Cohn-Bendit, le rassemblement écologiste donne le sentiment de vouloir recentrer l'axe politique, en se déportant vers le MoDem. Pourtant, les ralliements de Stéphane Gatignon, maire PCF de Sevran (Seine-Saint-Denis), ou d'Emmanuelle Cosse, ancienne présidente d'Act Up et figure de la gauche mouvementiste, inclinent à nuancer l'analyse. Et si Europe-Ecologie devenait l'un des lieux d'accueil de ceux qui, à la gauche du PS, sont lassés des divisions permanentes?
La presse a beaucoup parlé des 751 millions d'euros perdus dans le courant du mois d'octobre 2008 par les Caisses d'épargne. Mais personne, ou presque, ne s'est intéressé à une autre affaire, presque identique, celle du « Conduit Sémillon », qui a fait perdre à la banque de 435 millions à 500 millions d'euros sur des marchés ultrarisqués.
La pression est trop forte: l'entreprise ne peut plus seulement plaider la vie privée de ses salariés pour expliquer les cas de suicide. Renault et d'autres semblent donc dessiner une nouvelle stratégie: se référer à une «autopsie psychologique» réalisée par des psychiatres après la mort, et qui souligne la fragilité des salariés décédés. La méthode fait scandale dans le monde de la médecine et du travail.
Dans une version complaisante servie à l'opinion, la perte de 751 millions d'euros subie par les Caisses d'épargne en octobre 2008 a été présentée comme le résultat malencontreuxd'une spéculation à hauts risques prise parun jeune trader. Erreur! Nous mettons en ligne de nombreux courriers de la Commission bancaire (le gendarme du secteur bancaire), attestant que des alertes avaient été faites sur les dysfonctionnements de la banque. Mais ces alertes sont restées confidentielles et n'ont été que partiellement prises en compte. Nous reconstituons la chronique d'une crise annoncée depuis plusieurs années.
Dans un entretien exclusif, à lire ici, l'homme d'affaires Michel Lamarque évoque le rôle – décisif – qu’il dit avoir joué dans la libération, en 1994, de onze membres de l’association Première Urgence, tombés aux mains des Serbes de Bosnie. Cet homme a affirmé au juge Hullin qu’à la demande du gouvernement Balladur, il a distrait 20 millions de francs de la comptabilité de l’Association nationale des arts du cirque, afin de libérer les otages. Les fonds auraient été destinés au général Ratko Mladic (photo), toujours recherché.
On pensait connaître l'histoire des 751 millions d'euros perdus par les Caisses d'épargne en octobre 2008: elle a été présentée comme le résultat malencontreux d'une spéculation à hauts risques d'un jeune trader. Or Mediapart apporte la preuve, documents confidentiels à l'appui, que c'est bien plutôt la conséquence d'un désastre annoncé de longuedate, tant les dysfonctionnements de la chaîne hiérarchique étaient anciens et graves. Témoin cette mise en garde du directeur des risques du groupe, huit mois avant cette perte historique: « Si quelqu'un (...) voulaitcacher une perte de trading aujourd'hui, il pourrait le faire sans quela direction des risques Groupe (...) puisse s'en apercevoir avant uncertain temps. (...) Dans le contexte actuel, on joue avec le feu. » Nul n'a voulu entendre l'alerte et son auteur a été licencié. Enquête.