La brouette sature l’espace public en Afghanistan, les villes, les campagnes. En posséder une, même bringuebalante, est une richesse dans ce pays éclaté par la guerre. À une, deux, trois roues, avec ou sans plateau, elle est plus qu’un outil de portage, de travail, plus que le signe d’une économie informelle qui a pris le dessus sur l’économie officielle : elle est un outil de survie qui peut aider à sortir de l’extrême pauvreté, à transformer et à adoucir un quotidien particulièrement difficile, encore plus depuis le retour des talibans.
Bāmyān. Hussain est désemparé. Il est portefaix, livreur. Il n’a pas fait une livraison avec sa brouette depuis des jours. Chaque matin, il rejoint le bazar ou la route principale dans l’espoir qu’on sollicite ses services. En vain. «Il n’y a plus de travail. Qu’allons-nous devenir?» Il a quatre bouches à nourrir, plus un sou. Il survit avec sa famille, tout près des monumentaux bouddhas de la vallée de Bāmyān dynamités par les talibans en 2001, dans une des cavités creusées dès le VIe siècle par les moines bouddhistes (voir notre reportage vidéo).