Grand froid oblige, la mobilisation est générale pour l'hébergement des sans-abri. Mais un rapport du comité de suivi du droit au logement opposable montre qu'en réalité, il n'y a pas d'été pour les SDF.
Expulsés de leurs logements pendant l'été, les quelque 2000 Roms vivant à Marseille sont pour la plupart restés dans la ville. Dehors. Les associations dénoncent un «acharnement». La préfecture met en avant un projet d'insertion visant dix familles.
C'est un deuxième raz-de-marée pour les habitants de La Faute-sur-Mer en Vendée. Après la tempête Xynthia et ses 29 morts dans le village, la destruction programmée de 674 habitations provoque la colère. Un reportage illustré d'un diaporama sonore.
Après deux ans d'existence, le droit au logement opposable reste une réalité virtuelle comme le prouvent les derniers chiffres que s'est procurés Mediapart. Mais aussi une réalité qui diffère selon les départements et les commissions, comme le montre le suivi d'une réunion dans le Val-d'Oise.
L'année 2009 a montré que le gouvernement s'occupait de tout sauf du logement. Ce prétendu «chantier national prioritaire» est traité comme un sujet de second rang. Et quand il est abordé, ce n'est pas pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin: les 10 millions de personnes mal logées ou en situation de fragilité. De l'avis de tous les spécialistes, il manque 900.000 logements aujourd'hui en France.
Cinq ans après ses débuts, la très vaste politique de rénovation urbaine, dont le coût global s'élève à 40 milliards d'euros, présente des résultats très mitigés. Dans un rapport qui sera publié au mois de janvier et que Mediapart s'est procuré, le Comité d'évaluation et de suivi de l'ANRU (agence nationale de la rénovation urbaine) pointe des lacunes majeures: la mixité sociale n'évolue pas, certains loyers augmentent, les constructions ne sont assez nombreuses, et les financements à venir ne sont pas assurés.
Depuis le 1er juin, la fondation Abbé-Pierre a mis en place une permanence téléphonique qui répond aux appels de familles en difficulté qui craignent de se faire expulser de leur logement. La cellule est submergée d'appels. Et contrairement à ce qu'avait promis Christine Boutin, les expulsions continuent. Selon la fondation Abbé-Pierre, il y aurait eu environ 50.000 ménages «expulsés» en 2007 (photo, manifestation le 17 mars).
La crise du logement qui frappe l'Ile-de-France génère des situations de suroccupation dans toute la région. A Pierrefitte-sur-Seine, comme dans d'autres villes de Seine-Saint-Denis, on se divise à présent les pavillons. Les familles se groupent pour acheter. Ou louent à un marchand de sommeil une chambre de l'habitation, à un prix indécent. Reportage.
Alors que des milliers de sans-abri dorment dehors faute de place et d'adaptation des centres d'hébergement, que des milliers de personnes sont mal logées, l'ordonnance de 1945 prévoyant la réquisition d'immeubles vacants en cas d'urgence n'est pas utilisée. Selon la carte établie et publiée par Mediapart avec le collectif Jeudi Noir, au moins 27 immeubles représentant plus de 164.000 m2 sont pourtant inoccupés depuis plus de deux ans dans la capitale, sans qu'aucuns travaux ou projet n'existent sur ces lieux. Une aubaine? Pas pour le ministère du logement, qui considère, suite à une note interne que Mediapart a pu consulter, que cette solution n'est pas pertinente.
Alors que l'Assemblée nationale débat du type de population devant habiter dans les HLM, le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre, publié ce mardi, montre la paupérisation déjà à l'œuvre dans les zones urbaines sensibles. Discrimination des familles immigrées, «assignation à résidence» des plus pauvres: tout est fait pour fabriquer des quartiers-ghettos où sont concentrés les problèmes sociaux. Des «parkings», insiste la fondation, destinés à «contenir des populations qui apparaissent indésirables ailleurs».
Agrandir le planAlors que le projet de loi Boutin sur le logement est arrivé, mardi 27 janvier, à l'Assemblée nationale, Mediapart a croisé la liste des députés-maires et celle des constructions de logements sociaux entre 2005 et 2007. Il apparaît que 21 élus sont hors la loi: non seulement leurs communes ne disposent pas de 20% de logements sociaux, mais surtout ils ne font pas les efforts nécessaires exigés par la loi pour combler ce retard.
Au moins 337 sans domicile fixe sont morts en France en 2008. Et sans doute plus. Mais l'Etat refuse de mesurer cette tragédie. Mediapart a donc décidé de s'associer au collectif Les morts de la rue pour dénoncer un double scandale: l'incurie des politiques publiques, et la volonté des gouvernants de cacher que la rue tue. La carte des sans-abri décédés cette année montre que toutes les régions sont touchées. Et rappelle que, quand on vit à la rue, on meurt en moyenne à l'âge de 49 ans, que ce soit de violence, de maladie ou simplement d'isolement.
Christine Boutin accède aujourd'hui à une vieille revendication du DAL (Droit au logement) déjà expérimentée par la Ville de Paris ou la capitale britannique. Il s'agit de rendre le logement privé accessible aux familles les plus modestes en introduisant des acteurs intermédiaires qui se portent garants: les associations. Objectif: toucher 5.000 familles par année. Explications.
François Fillon a donné un mot d'ordre hier: zéro refus d'hébergement pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Une façon d'avouer qu'en temps normal, ces refus sont nombreux, contrairement à ce qu'essaie de faire croire Christine Boutin. Un document qu'elle avait commandé, qu'elle s'est bien gardée de diffuser, mais publié par Mediapart démontre cette mauvaise foi de la ministre: en temps normal, la moitié des demandes d'hébergement ne sont pas satisfaites, et ces refus s'expliquent dans 73% des cas par le manque de places disponibles.
Le droit au logement opposable entre en vigueur lundi 1er décembre. Il met l'Etat devant ses responsabilités, mais à défaut d'un nombre de logements suffisants, nul ne sait comment il pourra être appliqué. L'examen des premiers dossiers, très secret, a révélé des pratiques contradictoires selon les territoires. Le risque étant que chaque commission ait une interprétation restrictive de ce droit afin de gérer au mieux la pénurie.