Faisant montre d’un optimisme forcené, le premier ministre a salué jeudi les avancées du « conclave », clos mardi sans résultat. Il a mis en avant les deux seuls points d’accord entre syndicats et patronat, et promis qu’un « compromis » était possible rapidement sur le reste.
Après une ultime rencontre lundi, les tentatives de la CFDT et de ses alliés pour obtenir une amélioration de la réforme de 2023 se soldent par un échec cuisant. Le premier ministre a annoncé qu’il allait recevoir les partenaires sociaux dans la matinée pour chercher « une voie de passage ».
Après quatre mois de discussions censées améliorer la réforme de 2023, la rencontre du 17 juin devait être la dernière entre syndicats et patronat. Ils ont échoué à se mettre d’accord, mais se sont donné rendez-vous le 23 juin pour chercher un compromis. Les chances de succès sont minces.
Les déclarations de François Bayrou sur l’impossibilité de revenir à un âge légal de 62 ans ont fait capoter les négociations entre syndicats et patronat. La CGT et l’U2P patronale ont claqué la porte, après FO. Et ni la CFDT ni le Medef ne veulent poursuivre dans les conditions édictées par le gouvernement.
En répondant par la négative à une question sur la possibilité de revenir à l’âge légal de départ de 62 ans, le premier ministre a tendu d’un coup les discussions entre partenaires sociaux. Il prend le risque de voir capoter tout le processus. La CFDT est mise au pied du mur.
Dès son ouverture, la mascarade de la renégociation de la réforme des retraites se révèle pire qu’annoncée : FO claque la porte et Bayrou affirme qu’en cas de désaccord ce serait retour à la case départ ou référendum. Quant au patronat, il pousse pour introduire une dose de capitalisation dans le système.
La Cour des comptes a rendu son rapport sur l’état financier du système des retraites et livre des chiffres très différents de ceux avancés par le premier ministre. Le document donne le top départ des négociations appelées de ses vœux par François Bayrou pour « améliorer » la réforme de 2023. Une gageure.
L’économiste, spécialiste du système des retraites, doute de la pertinence de la « remise en chantier » annoncée par François Bayrou. Pour l’heure, le patronat n’a aucun intérêt à trouver un accord avec les syndicats.
Si leur dossier est compliqué, les allocataires du RSA ou les demandeurs d’emploi peuvent se retrouver sans ressources le temps de justifier de toute leur carrière professionnelle et d’obtenir le juste montant de leur pension. Un combat de plus à mener pour des personnes souvent précaires.
Le groupe paritaire AG2R La Mondiale, spécialiste de l’assurance et de la protection patrimoniale, connaît une crise interne sans précédent. Les syndicats s’opposent à un projet de privatisation dont le risque est de casser le système de retraite par répartition. La direction s’entête.
Une semaine après avoir écarté l’ancien président du Conseil d’orientation des retraites, Pierre-Louis Bras, Matignon a nommé un économiste très proche du macronisme, et très favorable au recul de l’âge de départ, à la tête de cette institution.
En poste depuis 2015, Pierre-Louis Bras sera remplacé la semaine prochaine. Matignon assure qu’il ne s’agit pas d’une sanction, mais le pouvoir n’a pas caché son agacement ces derniers mois face à ses prises de position sur la réforme des retraites. Les syndicats s’inquiètent de sa succession.
Malgré une forte mobilisation et une unité intersyndicale jamais vue, le mouvement contre la réforme des retraites a été un échec : la loi est entrée en application. Mais les syndicats ont-ils tout perdu ? Pour le premier volet de notre série revenant sur ce mouvement inédit, trois chercheurs en dressent le bilan.
La dernière livraison du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites, publiée le 22 juin, met le gouvernement dans l’embarras, car elle balaie l’hypothèse d’un retour à l’équilibre financier. Mais s’en tenir aux grands équilibres comptables empêche de voir la nette dégradation à venir des conditions de vie des retraités.
L’échec de la tentative d’abrogation a marqué la fin d’une bataille politique sur le passage de la retraite à 64 ans. Le mouvement social n’a certes pas obtenu le retrait de la réforme, mais il a brillé par sa capacité à rassembler face à un pouvoir solitaire. Derrière sa victoire en trompe-l’œil, l’exécutif se trouve plongé dans l’inconnu.
À Lyon, les manifestations contre la réforme des retraites ont été le théâtre de nombreux départs de feu. Cette pratique, devenue un marqueur du mouvement social, interroge. Analyse et rencontre avec des « partisans du feu ».