Les films de procès n’ont rien d’inédit dans l’histoire du cinéma, marquée par des œuvres aussi célèbres que Douze hommes en colère de Sidney Lumet en 1957. Mais plusieurs films marquants de cette rentrée et de cette année ont choisi pour cadre des tribunaux, que ce soit pour reconstituer des procès ayant réellement existé ou en mettre en scène d’inventés.
On évoque donc aujourd’hui dans « L’esprit critique » Saint Omer d’Alice Diop, qu’on avait déjà abordé dans cette émission, Anatomie d’une chute de Justine Triet, qui a reçu la Palme d’or au dernier Festival de Cannes, et Le Procès Goldman de Cédric Kahn, qui retrace en réalité, en les condensant, les deux procès médiatiques du célèbre militant braqueur, auteur des Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France.
Ces films au décorum semblable sont-ils homogènes dans leurs choix narratifs, leurs manières de filmer les audiences et leur volonté d’en rendre compte ? Ces films de procès constituent-ils aussi des formes de procès de la manière dont la justice est rendue ? Et comment ces images cinématographiques résonnent-elles alors que les tribunaux ont longtemps, en France, été interdits aux caméras, en dépit d’une évolution récente liée à quelques grands procès historiques, à l’instar de celui de Klaus Barbie, mais aussi de la loi « sur la confiance dans la justice » votée le 22 décembre 2021, qui a introduit la possibilité de filmer des procès pour « un motif d’intérêt public, d’ordre pédagogique, informatif, culturel et scientifique » et une diffusion dans un délai restreint ?
« L’esprit critique » discute de ces questions avec :
- Salima Tenfiche, docteure en cinéma et chercheuse associée EHESS-Mucem ;
- Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue de cinéma Débordements, doctorante en esthétique et études visuelles ;
- Raphaël Nieuwjaer, qui écrit aux Cahiers du cinéma et aussi pour Études.
« L’esprit critique » est un podcast enregistré dans les studios de Gong par Karen Beun et réalisé par Samuel Hirsch.