L’esprit critique Podcast

Mort et résurrection du street art

Devenu en large part académique, décoratif, rentable, voire outil de gentrification, le street art et son image emblématique, le graffiti, est-il fini ? Réponse à partir de l’exposition « La Morsure des termites », au Palais de Tokyo.

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On sait que le street art est un terme plus vague encore que les terrains qu’il a longtemps affectionnés. Si un lieu de travail ne fonde ni une politique ni une esthétique, dans la mesure où travailler en atelier ne fait pas de ses praticiens les membres d’un « studio art », travailler dans la rue ne suffit à faire partie de l’esprit du graffiti, à l’origine parasitaire et sauvage.

L’art urbain a, en effet, été largement marchandisé et désactivé : le cas emblématique étant sans doute Wynwood, ancien quartier malfamé de Miami devenu extrêmement touristique grâce aux interventions d’artistes invités par le galeriste Jeffrey Deith et l’entrepreneur immobilier Tony Goldman. Mais on pourrait aussi citer le XIIIarrondissement de Paris, qui a fait de ses grandes fresques une politique publique souvent plus décorative que politique…

À contre-pied de cette tendance, le commissaire d’exposition Hugo Vitrani présente au Palais de Tokyo « La Morsure des termites » : une proposition manifeste qui remet en cause beaucoup des présupposés que l’on peut avoir sur l’art urbain.

Faisant le choix de ne pas présenter les « noms » médiatiquement connus du street art et de placer dans l’exposition nombre d’artistes contemporains célèbres qu’on n’associerait pas, a priori, à l’art urbain, l’exposition cherche à comprendre comment, à l’instar des termites, il demeure des processus de dissémination, de digestion, d’infiltration dans les pratiques contemporaines cherchant à renverser les usages utilitaires et sécuritaires de la ville.

« La Morsure des termites », qui devait initialement se terminer le 10 septembre, revient avec quelques évolutions à partir du 19 octobre et sera visible jusqu’en janvier 2024.

« L’esprit critique » est un podcast enregistré et réalisé par Samuel Hirsch dans les studios de Gong.