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« L’esprit critique » arts plastiques : création et politique font-elles bon ménage ?

Le podcast culturel de Mediapart visite trois expositions qui interrogent avec cynisme ou pertinence les articulations entre art et politique.

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Le monde comme il va plutôt mal, le corps face à ses limites et à ses dépassements par temps olympiques et l’articulation entre art et politique au regard de l’histoire : tels sont les sujets de « L’esprit critique » de ce jour, qui se rend successivement à la Bourse de commerce-Collection Pinault voir ce que fait le célèbre collectionneur des œuvres qu’il possède pour une exposition titrée « Le monde comme il va », au Frac Île-de-France pour une proposition intitulée « Vieilles coques et jeunes récifs » et enfin dans les sous-sols du Palais de Tokyo pour une recherche dans les archives documentant le travail d’artistes en soutien à certaines luttes d’émancipation populaires des années 1960 aux années 1980.

« Le monde comme il va »

« Le monde comme il va », c’est le titre relativement attrape-tout, emprunté à un conte de Voltaire, de la nouvelle exposition qui vient d’ouvrir à la Bourse de commerce, à Paris. Exclusivement constituée de pièces de la Collection Pinault, l’exposition montre certaines œuvres les plus iconiques de l’art contemporain, comme le Balloon Dog en acier rose de Jeff Koons, le Hitler de Maurizio Cattelan ou la Ferrari accidentée de Bertrand Lavier ; certains des noms les plus célèbres de l’art contemporain, comme Damien Hirst, Cindy Sherman ou Fischli et Weiss, mais aussi quelques noms plus jeunes tels Anne Imhof, Mohammed Sami, Pol Taburet ou Salman Toor…

Le tout est divisé en grandes sections regroupées sous des titres comme : « La Comédie humaine », « Fabriquer des ruines », « Art, amour et politique », le « Silence du monde » ou « Fantômes du passé ». Le commissariat de l’ensemble est signé Jean-Marie Gallais.

« Le monde comme il va », à la Bourse de commerce, a ouvert le 20 mars dernier et demeure visible jusqu’au 2 septembre prochain.

« Vieilles coques et jeunes récifs »

« Vieilles coques et jeunes récifs » est une exposition qui a ouvert le 16 mars dernier et sera visible jusqu’au 21 juillet prochain, à la fois au Plateau, dans le XIXe arrondissement de Paris et dans les réserves situées à Romainville.

L’exposition présente en effet différentes œuvres du Fonds régional d’art contemporain (Frac), ainsi que d’artistes invité·es, sous forme d’une exposition très collective de près d’une trentaine d’artistes autour de la question rebattue du corps, surtout par temps de Jeux olympiques, mais en s’intéressant à ce qui les transforme, les limite ou les potentialise.

Le commissariat est signé Céline Poulin et Alicia Reymond.

« Passé inquiet. Musées, exil et solidarité »

« Passé inquiet » est une exposition qui a ouvert au Palais de Tokyo à la mi-février et qui est visible jusqu’à la fin du mois de juin. Principalement constituée d’entretiens, de documents d’archives, d’images et de rushs filmiques, c’est une exposition relativement petite par l’espace qu’elle occupe mais particulièrement dense par son contenu. Cette exposition documentaire et documentée raconte les actions de groupes d’artistes soucieux et soucieuses de s’impliquer dans des luttes qui se sont déroulées des années 1960 aux années 1980 : contre la dictature de Pinochet au Chili, pendant l’Apartheid en Afrique du Sud ou dans la lutte pour la reconnaissance d’un État palestinien…

Fruit d’une recherche démarrée en 2008 par les chercheuses et curatrices Kristine Khouri et Rasha Salti, elle a pour point de départ les récits oubliés de « musées en exil » ou « musées en solidarité » transcontinentaux, souvent conçus comme des expositions itinérantes, qui ont incarné le soutien d’artistes à des luttes d’émancipation de peuples…

L’exposition a suscité une polémique après le retrait d’une mécène du Palais de Tokyo jugeant certains de ces éléments antisémites, polémique dont Mediapart a retracé les arguments dans cet article.

« Passé inquiet. Musées, exil et solidarité » est visible au Palais de Tokyo jusqu’au 30 juin prochain.

On évoque cela avec :  

  • Magali Lesauvage, rédactrice en cheffe de l’Hebdo, le numéro hebdomadaire spécial enquêtes du Quotidien de l’art ;
  • Margot Nguyen, travailleuse de l’art indépendante.

« L’esprit critique » est un podcast enregistré dans les studios de Gong et réalisé par Karen Beun.