Regarder un homme tomber ; sortir d’une boucle temporelle et entrer dans le cerveau des tortionnaires : tel est le programme de « L’esprit critique » de ce jour. On évoque en effet The Fall Guy, le film à grands moyens de David Leitch avec Ryan Gosling et Emily Blunt, puis Comme un lundi, premier long métrage du Japonais Ryo Takebayashi, et enfin le nouveau documentaire du réalisateur iranien installé en France, Mehran Tamadon, intitulé Mon pire ennemi.
« The Fall Guy »
The Fall Guy est le blockbuster du moment, censé offrir un concentré du cinéma hollywoodien contemporain en mêlant le cinéma d’action et la comédie romantique. Le film est signé David Leitch, devenu l’un des noms du film à grand spectacle, notamment avec Bullet Train, mais s’organise aussi autour d’une intrigue amoureuse entre Ryan Gosling et Emily Blunt. Le premier est un ancien cascadeur, ayant arrêté le métier après un accident et dans le même temps disparu sans prévenir de la vie de cette femme.
Il se retrouve à devoir reprendre le chemin des tournages, précisément sur le long métrage de science-fiction tourné par la réalisatrice Jody Moreno, incarnée par Emily Blunt, afin de retrouver son acteur vedette porté disparu et le remplacer sur des cascades, qui sont autant d’occasions pour la réalisatrice de lui faire payer sa disparition quelques années auparavant. Le film est une lointaine et libre adaptation d’une série à succès des années 1980, L’homme qui tombe à pic.
The Fall Guy, réalisé par David Leitch, est en salles depuis le 1er mai dernier.
« Comme un lundi »
Comme un lundi est le premier film du réalisateur japonais Ryo Takebayashi. Il se déroule entièrement dans les bureaux d’une entreprise où un jeune publicitaire, ses collègues et son patron enthousiaste se retrouvent non seulement comme un lundi au bureau, mais en réalité bloqués dans une boucle temporelle qui les fait revivre éternellement la même scène, comme dans le film de référence sur le sujet Un jour sans fin. Les employés de cette agence de communication revivent en effet sans cesse la semaine du 25 au 31 octobre, comme l’indique un calendrier qui revient souvent à l’écran dans cette satire de la vie d’entreprise.
Comme un lundi, signé Ryo Takebayashi, est en salles depuis le mercredi 8 mai.
« Mon pire ennemi »
Mon pire ennemi est un film documentaire de Mehran Tamadon, en salles depuis mercredi dernier. Le réalisateur iranien sort la semaine prochaine un autre film, intitulé Là où Dieu n’est pas, un documentaire de facture plus classique dans lequel des anciens détenus iraniens témoignent de ce qu’ils ont subi.
Mais ici, le réalisateur iranien installé en France demande à des personnes qui ont enduré les interrogatoires des institutions idéologiques et politiques de la République islamique d’Iran de l’interroger, lui, comme pourrait le faire un agent du régime des mollahs. Il souhaiterait que les véritables tortionnaires puissent, à travers son film, se voir comme dans un miroir et possiblement bousculer leur conscience.
L’homme, athée et fils de communiste, avait déjà passé un long moment de huis clos en invitant chez lui quatre mollahs pour discuter pendant deux jours à l’occasion de son film Iranien en 2014, et était allé à la rencontre des milices du pouvoir iranien pour réaliser Bassidji en 2009. Autant dire qu’il s’intéresse autant aux tortionnaires qu’aux torturés…
Mon pire ennemi, signé Mehran Tamadon, est en salles depuis mercredi 8 mai.
On en parle aujourd’hui avec deux critiques :
- Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue de cinéma Débordements, doctorante en esthétique et études visuelles ;
- Raphaël Nieuwjaer, qui écrit aux Cahiers du cinéma et pour Études.
« L’esprit critique » est un podcast enregistré dans les studios de Gong et réalisé par Karen Beun.
