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« L’esprit critique » cinéma : trois films de poursuite

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Notre podcast culturel s’empare de « Miséricorde » d’Alain Guiraudie, de « L’Amour ouf » de Gilles Lellouche et de la dernière Palme d’or du Festival de Cannes, « Anora » de Sean Baker.

Des cèpes phalliques, une princesse prostituée et une passion sanglante. L’Aveyron, New York et le nord de la France. Un film qui subvertit les genres, un qui les épouse, un qui les mélange.

On parle dans « L’esprit critique » de trois longs métrages de facture différente, mais qui ont pour point commun de mettre en scène des personnages qui en recherchent, en chassent ou en coursent d’autres.

Les critiques de notre podcast débattent en effet de Miséricorde, le nouveau long-métrage d’Alain Guiraudie, du film français à gros budget signé Gilles Lellouche intitulé L’Amour ouf et enfin de la dernière Palme d’or du Festival de Cannes, Anora.

« Miséricorde » 

Miséricorde est le septième long-métrage d’Alain Guiraudie, après notamment Ce vieux rêve qui bouge, Le Roi de l’évasion, L’Inconnu du lac, Rester vertical ou encore Viens je t’emmène. Le natif de l’Aveyron nous emmène ici dans les forêts occitanes, à l’automne, alors que les girolles apparaissent et les hommes disparaissent.

Jérémie débarque de Toulouse pour les obsèques de son ancien patron, Jean-Pierre, le père de son ami d’enfance, Vincent, et s’installe dans le lit et la chambre de ce dernier chez Martine, la mère de Vincent, incarnée par Catherine Frot, bouleversant ainsi les équilibres familiaux et les habitudes du village, surtout après la disparition soudaine de Vincent.

À la fois chasse aux champignons, recherche de criminel et poursuite du désir, le film oscille entre les rêves coupables de Jérémie, que tout le monde semble pouvoir visiter quand il le désire, y compris les gendarmes chargés de l’enquête, mais aussi ceux du curé local, plus intéressé par les cèpes et les formes phalliques que par les messes.

Miséricorde est sorti en salles mercredi 16 octobre.

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« L’Amour ouf » 

L’Amour ouf, le nouveau film de Gilles Lellouche, se présente d’emblée comme une œuvre XXL : par sa durée de plus de 2 h 40 ; par son budget de plus de 37 millions d’euros ; par son casting de stars françaises allant d’Adèle Exarchopoulos à François Civil, en passant par Alain Chabat, Vincent Lacoste, Raphaël Quenard ou Élodie Bouchez ; par son mélange des genres allant du film de gangster à la comédie romantique ; par son affichage viril qui contraste avec les masculinités fragiles d’hommes réunis par des séances de natation synchronisée qui avaient fait le succès du Grand Bain, le précédent succès de Gilles Lellouche.

L’Amour ouf retrace une histoire d’amour passionnée entre Jackie et Clotaire, à dix ans de distance. Les deux jeunes gens, que leurs origines sociales opposent, tombent néanmoins fous amoureux à leur adolescence, dans les années 1980, au nord de la France. Mais Clotaire est accusé d’avoir commis un crime, condamné à passer douze ans en prison et perd Jackie. À sa sortie de prison, alors âgé de 27 ans, il est déterminé à reconquérir son amour de jeunesse, désormais mariée, et à rattraper le temps perdu.

L’Amour ouf est sorti en salles mercredi 16 octobre.

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« Anora » 

Anora est le nouveau film de Sean Baker, qui a obtenu la Palme d’or au dernier Festival de Cannes. « Anora » signifie aussi « grenade » en langue ouzbèke, un prénom qui correspond bien au caractère tempétueux du personnage principal du film, une jeune escort d’origine ouzbèke qui se produit dans un club de striptease de Brooklyn.

C’est là qu’elle rencontre Ivan, fils d’un oligarque russe, tellement satisfait de ses prestations qu’il la « privatise » pendant une semaine, moyennant 15 000 dollars, et finit même par lui proposer de l’épouser à Las Vegas, la ville du mariage express.

Une décision refusée par les parents du jeune homme, qui envoient trois hommes de main obliger les jeunes gens à dissoudre ce contrat de mariage, ce qui engendre successivement la destruction d’une villa de luxe, une course-poursuite dans les bas-fonds de New York et un voyage en jet privé…

Le réalisateur américano-britannique Sean Baker signe ici son septième long-métrage, après notamment The Florida Project et Red Rocket, qui racontait les déboires d’un acteur porno tenant de revenir dans le métier en exploitant plus misérable que lui. Ici, il continue à regarder les marges des États-Unis et l’exploitation des corps, mais en les confrontant au monde hors sol des nouveaux milliardaires…

Anora sort en salles le 30 octobre.

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Avec :

  • Alice Leroy, qui écrit pour Les Cahiers du cinéma et Panthère Première ;
  • Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue de cinéma Débordements, doctorante en esthétique et études visuelles ;
  • Salima Tenfiche, maîtresse de conférences à l’université Sorbonne-Nouvelle.

L’esprit critique est un podcast enregistré dans les studios de Gong et réalisé par Samuel Hirsch.