Arts

Michael Haneke : « Le Ruban blanc », c’est « un symbole de pureté qui conduit au contraire »

Palme d'or à Cannes, Le Ruban blanc est un film d'emblée classique, une photographie en noir et blanc de la Prusse rurale à la veille de la Grande Guerre où s'imprime déjà l'ombre portée d'un futur plus sombre encore. Michael Haneke éclaire ses choix et son lumineux travail avec les enfants notamment. Entretien en forme de diaporama sonore.

Sylvain Bourmeau

Michael Haneke s'en défend, surtout en France, et plus largement hors d'Allemagne (et d'Autriche) : son Ruban blanc ne saurait être réduit à un film sur les prémisses du national-socialisme. Certes, accordons-lui, il vise un universel que la Palme d'or est justement venue récompenser, et aucun spectateur ne saurait s'en tirer à bon compte sans, un instant, se faire l'habitant de ce petit village de Prusse à la veille de la Grande Guerre. N'empêche, la force d'Haneke est bien d'abord d'interroger une situation historique particulière, bien plus que d'en tirer une leçon de morale générale. Il y est question d'une société, de sa culture, de sa religion et, par-dessus tout, de l'éducation de ses enfants, du rôle imparti aux pères dans cette tâche, et de leur échec auquel le spectateur est laissé libre d'imputer, plus ou moins, une suite qu'on ne connaît que trop bien, un hors-champ, hors-temps déjà monstrueux.

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