« M, l’enfant du siècle » : de l’ascension de Mussolini à l’épuisement narratif
Best-seller couronné par le prix Strega, le plus prestigieux des prix italiens, « chef-d’œuvre » selon Roberto Saviano, M – l’enfant du siècle, d’Antonio Scurati, se présente comme un « roman documentaire » sur l’ascension de Mussolini. Mais son usage de la littérature et sa conception de l’histoire posent problème. Un roman sur le fascisme peut-il se croire tout-puissant ?
Pierre Tenne (En attendant Nadeau)
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FaceFace à Mussolini, Antonio Scurati déploie d’abord un dispositif narratif. Journal à la troisième personne de l’ascension du fascisme, M – l’enfant du siècle s’organise autour de chapitres courts, centrés presque systématiquement sur une date et une personne, souvent le « Duce », régulièrement ses partisans et ses proches, plus rarement quelques opposants célèbres. Entre ces chapitres, l’auteur, qui a entre autres signé un roman sur la réunification italienne (Une histoire romantique, traduit chez Flammarion), colle des documents historiques qui sont constamment en miroir avec le chapitre qui les précède.