La rentrée littéraire croule sous les récits de soi, qui produisent le meilleur comme le pire. L’occasion de se demander quels rapports ces livres entretiennent au réel, et à la littérature, en revenant sur les deux grands succès du genre cet automne, Le Temps gagné, de Raphaël Enthoven, et Yoga, d’Emmanuel Carrère.
Rien ne donnait envie de découvrir le premier roman de Nicolas Rodier. Devant son titre, Sale bourge, et la photographie d’un adolescent au teint frais sur sa jaquette, on avait cru à un énième texte narcissique, à une plainte convenue des gens de bonne éducation et de grande fortune. C’est tout l’inverse.
Si vous êtes déjà las de cette rentrée incertaine, la lecture du dernier Georges Vigarello vous aidera à comprendre comment la fatigue est devenue le mal du siècle.
Lumière d’été, puis vient la nuit, de Jón Kalman Stefánsson, ressemble à une chronique d’existences villageoises, en Islande, aujourd’hui. Mais par la voix d’un narrateur qui conte ces histoires, incarnant une sorte de chœur qui annonce, commente, s’étonne, s’amuse.
Fille est un roman de la maturité, maîtrisé, bouleversant d’un point de vue intime et politique. Camille Laurens y intente le procès du patriarcat, libère les femmes de leurs jougs et bâtit un Tombeau de la langue française enfin récurée, rédimée.Première chronique consacrée aux nouveaux romans à paraitre en cet automne 2020
Nul ne sait ce que sera la rentrée sociale. Mais à lire Alice Zeniter, Barbara Stiegler, Émilie Notéris, Sandra Lucbert ou Aude Lancelin, la rentrée littéraire engage au combat.
Par sa construction fragmentaire, sa circulation entre les langues – l’arabe, le français –, son humour porté autant sur la tendresse que sur l’autodérision, La Petite Dernière de Fatima Daas possède de vraies qualités littéraires. Relié aux transformations des luttes antiracistes, féministes, populaires, ce monologue en est aussi une juste expression.
Vous ignorez qui est Deborah Levy ? Plus pour longtemps. Ce que je ne veux pas savoir et Le Coût de la vie – les deux premiers volumes de son autobiographie pour lesquels elle a remporté lundi 2 novembre le prix Femina du roman étranger – viennent d’être traduits, et c’est splendide.
Best-seller couronné par le prix Strega, le plus prestigieux des prix italiens, « chef-d’œuvre » selon Roberto Saviano, M – l’enfant du siècle, d’Antonio Scurati, se présente comme un « roman documentaire » sur l’ascension de Mussolini. Mais son usage de la littérature et sa conception de l’histoire posent problème. Un roman sur le fascisme peut-il se croire tout-puissant ?
Le mouvement Black Lives Matter ne cesse d’être tragiquement relancé par des assassinats de Noirs aux États-Unis. En France, la rentrée littéraire voit fleurir les traductions de textes écrits hier et aujourd’hui par des Africains-Américains autour d’histoires réellement vécues. Tour d’horizon avec Maya Angelou, James Baldwin, Colson Whitehead… Et quelques livres français !
Black Manoo est un roman qui nous apprend des choses sur Paris, la France et les Français. Ses personnages principaux sont des Ivoiriens. Troisième livre de Gauz, auteur qui a découvert la France à l’âge de 28 ans et qui vit aujourd’hui entre Paris et Grand Bassam, il questionne les relations entre Africains et Européens. Et c’est très fort.
Avec Chavirer, Lola Lafon revient à ses thèmes de prédilection (le corps féminin, la danse) et raconte le pardon qu’une jeune femme ne peut s’accorder. Mais en l’ancrant de plain-pied dans le décor socio-politique récent, la romancière dénonce une société où seuls les tenants de la culture dominante ont droit à la parole.
Avec Fille, femme, autre, Bernardine Evaristo a remporté le Booker Prize. Elle est la première femme noire à recevoir ce prix prestigieux, qui salue un très bon roman. Entretien.
Chaque trimestre, Mediapart publie un article issu du dernier numéro de la revue La Déferlante, consacrée aux révolutions féministes. Il s’agit à chaque fois de la rubrique « Retour sur », qui revient sur un événement passé, important pour l’histoire des féminismes ou des droits des femmes et des minorités…
Mediapart vous invite en cette année 2023 à un voyage dans l’année 1973 pour en (re)découvrir les moments plus ou moins connus et mieux comprendre les évolutions du dernier demi-siècle. Des analyses, des récits, des interviews exploreront cette année du choc pétrolier, et de bien d’autres événements,…
Assia Djebar, née en Algérie en 1936 et décédée à Paris en 2015, est la figure féminine majeure des lettres algériennes. Première femme du Maghreb à entrer à l’Ecole normale supérieure et à l’Académie française, elle n’a eu de cesse de raconter l’Algérie et ses soubresauts, avec sa plume ou sa caméra,…