Culture et idées Chronique

«Je me voyage»: Julia Kristeva, intelligente et solidaire

Ce sont des entretiens, certes, mais pensés, retravaillés, écrits comme des mémoires et auxquels la dimension oralisée, vivante, donne un caractère bondissant et plein d’avenir. La philologue et psychanalyste Julia Kristeva y fait moins le récit factuel de son existence qu’elle n’en précise la conduite, les fidélités, la liberté. Le lien entre théorie et vie intime, qui est une des puissances de son œuvre, est ici précisé et donne une profondeur à la pensée.

Tiphaine Samoyault (En attendant Nadeau)

5 novembre 2016 à 12h33

La lecture des articles est réservée aux abonné·es. Se connecter

Roland Barthes évoquait à son propos ce « petit supplément de liberté dans une pensée nouvelle » nécessaire aux grandes avancées, aux véritables déplacements. Il le fait dans le très beau compte rendu de Sèméiôtikè qu’il donne dans La Quinzaine littéraire en mai 1970 sous le titre « L’étrangère » : il y exprime tout ce qu’il lui doit depuis le début, sa force de subversion, sa façon de mettre en mouvement toutes les choses figées. Il manifeste une réelle compréhension des enjeux de son livre tout en lui rendant un magnifique hommage : « Julia Kristeva change la place des choses. » Son travail bouscule le « petit nationalisme de l’intelligentsia française » en l’ouvrant à l’autre langue : « L’autre langue est celle que l’on parle d’un lieu politiquement et idéologiquement inhabitable : lieu de l’interstice, du bord, de l’écharpe, du boitement : lieu cavalier puisqu’il traverse, chevauche, panoramise et offense. Celle à qui nous devons un savoir nouveau, venu de l’Est et de l’Extrême-Orient […], nous apprend à travailler dans la différence, c’est-à-dire par-dessus les différences au nom de quoi on nous interdit de faire germer ensemble l’écriture et la science, l’Histoire et la forme, la science des signes et la destruction du signe. » Rester une étrangère n’est pas seulement une souffrance, c’est aussi un défi : Julia Kristeva l’exprime plusieurs fois dans son livre, disant que « l’étrangère que je demeure » doit toujours entreprendre de « déceler les bénéfices de l’étrangeté », de « la vivre comme un atout ».

1€ pour 15 jours

Résiliable en ligne à tout moment

Je m’abonne

L’info part de là

Soutenez un journal 100% indépendant : sans subventions, sans publicités, sans actionnaires

Tirez votre information d’une source de confiance

Accédez en exclusivité aux révélations d’un journal d’investigation

Déjà abonné ?

Mot de passe oublié

#FREEMORTAZA

Depuis le 7 janvier 2023 notre confrère et ami Mortaza Behboudi est emprisonné en Afghanistan, dans les prisons talibanes.

Nous ne l’oublions pas et réclamons sa libération.

En savoir plus sur #FREEMORTAZA

Aujourd’hui sur Mediapart

Voir la Une du Journal

#FREEMORTAZA

Depuis le 7 janvier 2023 notre confrère et ami Mortaza Behboudi est emprisonné en Afghanistan, dans les prisons talibanes.

Nous ne l’oublions pas et réclamons sa libération.

En savoir plus sur #FREEMORTAZA