L’auteur d’Éden, Éden, Éden et de Tombeau pour cinq cent mille soldats vient de publier Par la main dans les Enfers. Un de ces écrits – ou poèmes ? – dont il faudrait écouter la « pulsation suicidaire ».
Linda Lê (en attendant Nadeau)
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IlIl n’est parfois sans doute pas de meilleur moyen de désamorcer la charge explosive d’une œuvre que de répéter qu’elle est transgressive et absolument moderne. Pierre Guyotat, qui a toujours récusé la notion d’« œuvre » (mais aussi celles de « création » et d’« écrivain »), est si bien parvenu à renverser les normes, à pulvériser les catégories par lesquelles se désignent habituellement les textes dits d’avant-garde, qu’il est resté celui par qui le scandale arrive, malgré la révérence souvent exprimée à son endroit, révérence qui témoigne davantage d’une vénération envers un artiste tout entier traversé par le « désir de durer » que d’une véritable acceptation de ses « écrits-forteresses » et de ses « écrits-barricades ». S’il est resté le pourvoyeur d’intranquillité dont chaque écrit sème le trouble, c’est aussi parce qu’il s’est toujours considéré comme l’Exclu, peut-être le Hors-la-loi, au sens où Michel Leiris le disait de Francis Bacon.