Alors que ses œuvres sont rassemblées en un volume chez Gallimard, on peut relire Georges Perros en se souvenant que pour lui, « écrire, c’est renoncer au monde en implorant le monde de ne pas renoncer à nous ».
Linda Lê (En attendant Nadeau)
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IlIl s’avançait en funambule au bord du vide avec le sentiment que, si « vivre est assez bouleversant», la plupart des hommes mènent une existence absurde, inutile. À tel point qu’il aurait eu envie de lancer ce cri d’alarme : «Ça tourne, ça tourne, citoyens. C’est VOTRE vie qui se consume en ce moment. Vous VIVEZ pour de bon, ce n’est pas un essayage.» Lui-même ne s’épargnait pas, avouant dans une lettre à ses parents qu’il ne leur en voulait pas de l’avoir mis au monde : c’était une expérience à tenter, mais «une fois, sans plus» – sa mère ne lui disait-elle pas toujours qu’il n’arriverait à rien ? En quoi elle n’avait pas vraiment tort, pensait le jeune Georges Poulot («J’y suis arrivé à ce rien »), qui n’avait pas encore pris le pseudonyme de Georges Perros, ne faisait pas encore de théâtre ni ne se mêlait de publier, bien qu’il eût commencé à écrire des poèmes dès l’âge de 13, 14 ans.