Tout commence par une description répétitive, obsessionnelle, de cette photo scandaleuse : les deux minuscules chaussures que la mer n’a pas emportées, le T-shirt rouge, le sable humide. Le ton est neutre, anonyme, la description de la photo est ponctuée de « il y a », de « on ». Personne ne sait qui parle. Le lecteur doit patienter, lire de près, repérer les détails de l’écriture et de la photo, « un assombrissement léger de l’eau et du sable », tout ce qui fait que l’enfant n’est plus vivant ni mort, deux mots que ne prononce pas l’écrivain. Il préfère scander sa description de cet étrange et long adverbe pentasyllabique, « impossiblement », qui rappelle le « mêmement » de Jean Échenoz, un écrivain qui semble appartenir à son univers.
Derrière l’image, la littérature
Le titre, Le Petit Garçon sur la plage, est un trompe-l’œil. Pour le lecteur, il évoque la photographie bouleversante de cet enfant retrouvé mort sur une plage turque il y a deux ans. Sous la plume de Pierre Demarty, il n’annonce ni un roman fondé sur l’actualité, ni une réflexion d’ordre politique ou moral. Il devient le prélude à la description d’un sentiment, d’une sensation physique de fêlure et de néant.
Cécile Dutheil (En attendant nadeau)
24 septembre 2017 à 11h25